Sept bonnes raisons d'aller voir «La Dame aux jambes d'Azur» à la Comédie française
THEATRE•Jean-Pierre Vincent monte une comédie en un acte d'Eugène Labiche très rarement mise en scène...Stéphane Leblanc
Peu connue, La dame aux jambes d'Azur est très rarement mise en scène. Mais ce n'est pas le seul argument pour vous inciter à découvrir cette pièce, jusqu'au 8 mars au Studio-Théâtre de la Comédie française, à Paris...
1. Ce qui est rare... n'est pas forcément cher
C'est la première que fois que cette pièce, créée en 1857 au Théâtre du Palais-Royal, est à nouveau à l'affiche. Eugène Labiche avait présenté cette pochade un mois à peine après son grand succès L'Affaire de la rue de Lourcine. Les personnages portaient le même nom que les acteurs qui les interprétaient. Bien que devenue rare, la pochade reprise au Studio-Théâtre vous en coûtera 20€ pour un plein tarif, 9€ avec réduction.
2. Un enchaînement cocasse
Dès le lever de rideau, l'auteur et metteur en scène de la pièce qu'on est censé voir vient prévenir le public: le spectacle n'est pas prêt. On assistera donc à une répétition publique qui vire au jeu de massacre, avec un invraisemblable enchaînement d'imprévus: remplacement du souffleur par un machiniste qui ne sait pas lire, intrusion d'un confrère envahissant, d'une princesse qui entre en scène en mangeant une saucisse avant d'entamer son tricot, du doge de Venise qui annonce rechercher un appartement dans Paris...
3. Un texte enlevé
L'action se déroule à Venise, représenté comme une rivière au milieu d'une forêt, et où le machiniste doit soudain placer une cheminée en marbre. «Pourquoi pas une cheminée dans un bois? On met bien du bois dans une cheminée», s'indigne Arnal, l'auteur et metteur en scène dans un texte ou les répliques absurdes fusent.
4. Un humour qui repose sur le triomphe de l'échec
La pièce «préfigure les grands burlesques américains, tels Laurel et Hardy ou les Marx Brothers», pour le metteur en scène (et ancien administrateur de la Comédie française) Jean Pierre Vincent. Ce «cauchemar de l'acteur et du metteur en scène incompétents où triomphent l'échec et la ringardise», est une formidable machine comique d'une efficacité grinçante. D'autant que les comédiens, Gilles David et Pierre Louis-Calixte en tête, sont parfaits.
5. Une pièce en phase avec l'actualité
Au-delà d'une satire du monde du théâtre, cette pièce évoque, comme souvent chez Labiche, les bouleversements sociaux et urbains de l'époque. Comme la difficulté de se loger dans Paris, qui bien réelle encore aujourd'hui. «Du fait des grandes percées du baron Haussmann, rappelle Jean-Pierre Vincent, beaucoup de vieux immeubles, dans les quartiers du centre, où vivaient entre autres beaucoup d'acteurs, étaient détruits. Labiche fait se télescoper cette réalité et celle du théâtre.»
6. La bonne durée
Cinquante-cinq minutes, montre en main, c'est la durée totale de la pièce, à peine plus qu'un documentaire ou deux épisodes de série en diffusion télé. C'est la durée idéale pour ficeler, vite fait bien fait, une intrigue aux petits oignons sans avoir le temps de dire ouf ou de s'ennuyer.
7. Et l'horaire idéal
La pièce débute à 18h30, pile poil à l'heure de l'apéro. C'est l'horaire idéal pour se divertir les méninges en sortant du bureau tout en se laissant la possibilité de passer la soirée entre amis, en couple ou en famille. Et rire fait plus de bien que de boire un coup pour la santé.