Marilyn Manson est encensé pour son nouvel album, The Pale Emperor. Contrairement à ce que son titre, tristement banal pour lui, laisse croire, ce dixième album ressemble à un tournant décisif pour «l’empereur blême». De nombreux auditeurs assurent qu’il pourrait s’agir du meilleur album de leur idole. Assurément plus sage rythmiquement parlant, The Pale Emperor est surtout un album mature qui sait trouver l’équilibre entre expression introspective des souffrances de son auteur et baume mélodique.

«C’est la première fois de ma carrière que j’arrive à entendre ma voix dans un de mes disques, a confié Marilyn Manson à Rolling Stone. Tyler Bates, qui a travaillé les compositions, a créé un écrin pour ma voix, si bien que je n’avais pas à hurler. Cette nouvelle expérience de chant est à la fois reposante et exténuante, parce que j’ai dû me renouveler.»

Zapper MTV

Depuis des années, Marilyn Manson est l’éternel adolescent révolté de l’Amérique. Le chanteur a bâti son succès et ses 50 millions de disques vendus en vingt ans de carrière sur une esthétique gothique métal. Son look et sa musique transgressent suffisamment les règles du bon goût pour plaire aux masses adolescentes et restent dans les limites de l’acceptable pour être diffusés sur MTV.

Pourtant, Marilyn Manson, qui semble entretenir intelligemment son marketing de l’attraction-répulsion, est aussi un observateur finaud de l’Amérique post-11 septembre qui aime et répudie à la fois la violence et les pop-stars. Passionnant et érudit dans ses interventions médiatiques, Marilyn Manson continuait pourtant à tremper sa plume dans l’encre à clichés de la bile adolescente quand il s’agissait d’écrire ses chansons. Dans The Pale Emperor, il a enfin travaillé ses textes.

Rangé mais toujours énervé

Dans un long entretien au Guardian, Marilyn Manson se confie. Il dit avoir trouvé l’amour, vouloir se ranger, devenir père, après des années à exorciser les relations avec le sien. Il cherche une maison en Californie car, oui, contre toute attente, il aime le soleil. Comme toute âme souffrante de musicien, Marilyn Manson a trouvé dans le blues une musique inspirante et s’en sert dans certains des meilleurs titres de son album.

«Pendant des années, j’ai voulu me moquer des gens qui réduisaient ma musique à une série de clichés en en rajoutant dans le trash, raconte-t-il au blog Noisey. Ça m’amuse encore de faire ça mais je crois être assez mûr aujourd’hui pour proposer autre chose.»