ANGOULÊME J-21 / En seulement quatre ans de carrière, Simon Roussin a déjà vu figurer trois de ses cinq albums dans la sélection officielle du festival d'Angoulême! C'est du jamais vu pour un aussi jeune auteur (il n'a que 27 ans). Après Lemon Jefferson (en 2011) et Heartbreak valley (en 2013), c'est donc avec Barthélémy, l'enfant sans âge qu'il tentera de décrocher un des fauves mis en jeu.

On y assiste, en ouverture, à la mort d'un vieillard... qui réapparaît aussitôt sous l'aspect d'un enfant! Car non, Mr Barthélémy ne peut pas mourir. Enfin, si, il le peut mais là il est mystérieusement condamné, après chacun de ses décès, à «renaître» sous son enveloppe juvénile. Si ce postulat rappelle le film Un jour sans fin (Harold Ramis, 1993), cette bizarrerie est ici beaucoup plus tragique car notre infortuné héros, qui a aimé des centaines de femmes, connu des milliers de célébrités et vécu des millions d'évènements marquants au cours de ses multiples «renaissances», n'en peut plus... Aussi, et malgré le fait qu'il vienne de succomber aux charmes d'une nouvelle jeune fille, entrevoit-il la fin de son calvaire lorsqu'il rencontre un homme frappé de la même malédiction et qui affirme avoir trouvé le moyen d'enfin mourir...

Avec son format à l'italienne et son économie de couleurs, cet album semble, comme son héros, «sans âge». Cet aspect surrané et un humour un peu potache permettent de traiter un sujet relativement grave avec un décalage rafraîchissant. Ça n'est qu'une facette du talent de Simon Roussin qui, le comité de sélection d'Angoulême ne s'y est pas trompé, a déjà tout d'un futur «grand de la BD».

«Barthélémy, l'enfant sans âge», par Simon Roussin - Éditions Cornélius, 14,50 euros