Pour Michel Houellebecq, «la laïcité est morte, la République est morte»

LIVREDans un entretien à «L'Obs», l'écrivain français souligne «un puissant retour du religieux»...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Pour lui, c'est sans appel: «Aujourd'hui l'athéisme est mort, la laïcité est morte, la République est morte», affirme Michel Houellebecq dans un entretien à paraître jeudi dans L'Obs au sujet de son nouveau roman Soumission. «Il me paraît difficile de nier, aujourd'hui, un puissant retour du religieux», ajoute l'auteur de cette politique-fiction qui voit le chef d'un parti musulman accéder au pouvoir dans la France de 2022.

«Un courant d'idées né avec le protestantisme, qui a connu son apogée au siècle des Lumières, et produit la Révolution, est en train de mourir. Tout cela n'aura été qu'une parenthèse dans l'histoire humaine. «Aujourd'hui l'athéisme est mort, la laïcité est morte, la République est morte», dit Houellebecq.

>> A lire: «Soumission» de Michel Houellebecq, un livre dangereux?

Des musulmans «plus proches de la droite, voire de l'extrême droite»

«Les musulmans sont, sur le plan "sociétal" comme on dit de nos jours, plus proches de la droite, voire de l'extrême droite. Qui, en même temps, les rejette avec violence», poursuit le romancier. Donc ils sont dans une situation intenable».

«Qu'est-ce qu'ils peuvent voter, les musulmans de France? Ils ne peuvent pas voter pour des socialistes qui mettent en place le mariage homosexuel. Ils ne vont quand même pas voter non plus pour des gens de droite qui veulent les virer. La seule solution serait effectivement la constitution d'un parti musulman», avance l'auteur.

«Davantage confiance à l'intelligence de la masse»

S'inquiète-t-il des retombées de son livre ? «Je capte une situation, c'est tout. Je parviens à capter parce que je n'ai pas d'a priori, je suis neutre (...). Je ne suis pas un intellectuel de centre gauche, quoi. Je n'ai rien d'autre à délivrer qu'une vision du monde. Mais je tiens à la délivrer». Michel Houellebecq assure faire «davantage confiance à l'intelligence de la masse qu'à celle des élites».

«Ce roman suscitera peut-être des polémiques chez ceux qui gagnent leur vie en polémiquant, mais sera perçu par le public comme un livre d'anticipation, sans rapport réel avec la vie», ajoute-t-il. Le fait est «que je ne corresponds pas, pour la gauche, à l'ennemi classique. Je n'agresse pas le politiquement correct. Je le traite comme un phénomène étrange, saugrenu, que je vois de très loin».

«Ceci me permet de traiter les choses avec humour tout en les prenant au sérieux. Je pose des questions auxquelles la gauche ne peut pas répondre. La droite non plus, d'ailleurs».

Soumission, qui sort mercredi, a été tiré à 150.000 exemplaires.