Audacieux? Tous les artistes le sont, mais ces trois-là plus que d'autres
MUSIQUE•Chapelier Fou, Laetitia Sheriff, EZ3kiel… Les musiciens français savent jouer d’originalité…Benjamin Chapon
Le succès colossal de Daft Punk, apôtres de la French Touch en leur temps, cache une galaxie de talents musicaux français qui, s’ils n’atteignent pas les cimes des charts mondiaux n’en font pas moins preuve d’audace.
«De l’audace? C’est vous qui le dites, stoppe Chapelier Fou, brillant musicien multi-instrumentiste. Je préfère parler d’originalité. Je suis convaincu de faire quelque chose d’original, sinon, je ne le ferai pas.» Avec son troisième album, Deltas, Chapelier Fou va encore plus loin dans sa recherche musicale tout en restant un grand inventeur de mélodies. Pour lui, «l’audace ne doit pas être une démarche pour attirer l’attention.»
Même son de cloche, c’est la chanteuse Laetitia Sheriff qui ne voit rein d’extraordinaire à faire une musique qui sorte des entiers battus: «La musique permet cela justement, aller où on a envie d’aller. J’aime laisser faire la musique.» Une règle qu’elle applique sur son dernier album, Pandemonium Solace and Stars.
Une passion, pas un sacerdoce
L’un et l’autre aiment sortir des formats consacrés, de la musique électro pour Chapelier Fou et de la chanson pour Laetitia Sheriff. «Les codes de la chanson, je ne les adopte que pour le plaisir de m’en détacher. La chanson, c’est un alibi qui me donne la possibilité de porter mes émotions en passant par l’instrument le plus intime, la voix.»
Point de sentiment de courage ou d’audace non plus, dans leur choix de vie. «Mener une vie de musicien plutôt qu’une vie «normale», c’est un choix personnel, explique Laetitia Sheriff. Pour certains, c’est un choix fort, mais jamais un sacrifice. Si ça devenait trop dur, financièrement, pour moi, j’arrêterai, c’est tout.» Chapelier Fou, ex-prof, est sur la même longueur d’onde: «J’ai d’autres cordes à mon arc, je préférerais revenir à l’enseignement plutôt que de faire de la musique par nécessité financière.»
Au commencement était la chance
Sans fausse modestie, plutôt que d’audace, ces musiciens avancent «le facteur chance». Lauréate du Fair, entre autres dispositifs d’aide à la création, Laetitia Sheriff y a gagné «en confiance. Moi, je suis encore considérée comme une artiste en développement, ou du moins émergente. Alors quand un dispositif comme ça te donne un coup de pouce, ça a tout de suite un impact réel.»
Chapelier Fou raconte comme il a croisé, par hasard «le type du Printemps de Bourges la veille de la date limite pour le dépôt des dossiers de candidature au concours Jeunes Talents. Et j’ai gagné… Pour moi, c’est un peu là que ça a commencé, avec un point de départ ultra-hasardeux.»