BDSalon du livre de Montreuil: Des bulles et des jolies images qui menacent d’exploser

Salon du livre de Montreuil: Des bulles et des jolies images qui menacent d’exploser

BDS’opposant à la réforme de leur régime de retraite, les auteurs de Bande dessinée s’associent à leurs collègues du secteur Jeunesse qui mèneront dès ce mercredi soir des actions de protestation au Salon du livre de Montreuil…
Olivier Mimran

Olivier Mimran

Le Salon du livre de Montreuil s'est ouvert ce mercredi matin et la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse prévoit de manifester ce soir son désaccord avec les réformes engagées sur la cotisation retraite et la sécurité sociale du secteur. Les auteurs de BD sont, de leur côté, mobilisés sur la même problématique depuis plusieurs mois, dénonçant l’impact catastrophique que de telles mesures pourraient avoir sur leurs conditions de travail déjà précaires. Marc-Antoine Boidin, dessinateur de BD et membre du SnacBD (l’unique syndicat du 9e Art), a détaillé à 20 Minutes les enjeux de la fronde.

Même pas Smicards

Pour mémo, le RAAP (régime des retraites complémentaires obligatoires des artistes auteurs) aurait reçu une injonction lui demandant de conformer son système aux réglementations européennes. «Les auteurs qui pouvaient choisir jusqu’ici leur classe de cotisation, dont la plus basse à 438 euros/an était choisie par 94% d’auteurs, doivent brutalement passer en 2016 à un système de cotisation proportionnelle de 8%», selon Marc-Antoine Boidin. C’est-à-dire l’équivalent d’un mois de revenus pour la grande majorité des cotisants. Sachant que «beaucoup d’auteurs gagnent moins que le smic, cette réforme adoptée sonnerait simplement la fin de leur activité parce qu’ils ne pourront pas payer ces cotisations».

Le tract du SnacBD (cliquez pour agrandir)

Face à une minorité d’auteurs de BD qui vit confortablement de son Art, les autres «survivent». Certains finissent même par renoncer à leur passion, comme Bruno Maïorana en mai dernier. «Nous ne sommes ni salariés, ni intermittents, ni indépendants et notre statut est fragile et complexe», confirme Boidin.

Avec une part auteur d’environ un euro par album papier vendu, le métier d’auteur de bande dessinée n’a souvent rien de glamour. Alors avec la réforme du RAAP, celle du régime de sécurité sociale du secteur, l’augmentation de leur TVA et la remise en cause du droit d’auteur à l’échelle européenne, c’est toute la profession qui est menacée.

Réforme gelée, mais toujours menaçante

Les créateurs de «petits Mickeys» ont déjà manifesté leur inquiétude lors du dernier festival Quai des Bulles de Saint-Malo (du 10 au 12 octobre). Avec un premier succès à la clef, puisque la réforme du RAAP a temporairement été gelée. «Mais le CA du RAAP, souverain dans ces décisions, ne semble absolument pas vouloir changer les points importants qui posent problème comme le taux de 8%», se désole Boidin. Une nouvelle action est donc «programmée» à Montreuil: «nous nous joindrons aux actions des auteurs Jeunesse afin de montrer que tous sont concernés par cette réforme , la baisse des rémunérations et que nous pouvons nous fédérer pour faire entendre notre voix».

Ainsi, une photo collective «Les auteurs bientôt tous à poil», dont les participants arboreront un même tee-shirt revendicatif, est organisée ce mercredi à 19h30 sur le stand de La Charte. Puis un grand rassemblement professionnel se tiendra, lundi 1er décembre à midi, au Pôle Théâtre. Les auteurs Jeunesse et BD tenteront de fédérer leurs actions… et de les expliquer.