Goncourt des lycéens à Foenkinos: «J'ai voulu que le livre soit plein de l’énergie du combat»
INTERVIEW•L’auteur de «Charlotte» a réalisé un doublé avec le Goncourt des lycéens ce mardi, après le Renaudot. Il réagit à chaud pour «20 Minutes»...Annabelle Laurent
En octobre dernier, à le voir entouré de lycéens qui lui réclamaient des selfies, sa popularité ne faisait pas de doute. Et c'est bien l'auteur de Charlotte qui a convaincu le jury et décroché leur Goncourt, deux semaines après avoir manqué de peu le «vrai», et raflé le Renaudot à la place. Pour 20 Minutes, David Foenkinos réagit à chaud.
Comment réagissez-vous à l'annonce de ce second prix?
Je suis très heureux. Surtout pour ce livre. Ça a été très fort pour moi que les lycéens le lisent, parlent d’elle, de ce qu’elle était. Le Goncourt des lycéens, c’est un prix très aimé des libraires, c’est un prix de lecteurs et cela va donner encore un éclairage magnifique à Charlotte Salomon.
Qu’est-ce que cela représente pour vous d’être reconnu par les ados?
Au-delà du fait que ce sont des ados, ce sont des lecteurs qui ont un rapport émotionnel à un texte. Les rencontres ont été très spontanées, très belles et simples. C’est un rapport de ressenti au livre, sans connaître l’auteur, la maison d’édition. Ils n’ont pas l’habitude de rencontrer des auteurs vivants contemporains. Je ne voulais pas que le livre soit encombré par la lourdeur et le pathos. C’est un exemple de femme au bord du désespoir qui puise en elle la force et la beauté de la création, et j’ai voulu qu'il soit plein de l’énergie du combat. Je pense que les lycéens ont parfois été touchés par ça.
Ils vous ont appelé pour vous annoncer le prix. Que vous ont-ils dit?
Leurs retours étaient forts mais comme j’avais déjà eu le Renaudot, j’ai été très surpris, honnêtement! De ce que j’ai pu comprendre au téléphone, ils ont été sensibles à la forme particulière et au fait que je suis présent dans le livre. La porte-parole du jury m’a dit qu’elle sentait que c’était un livre d’admiration et de fascination.
C'est la première fois qu'un auteur réussit le doublé Renaudot-Goncourt des lycéens. C'est votre meilleure rentrée littéraire?
(Rires) C’est de loin la meilleure. Ce texte-là, je l’ai abandonné très souvent. Le simple fait qu’il existe, que les gens découvrent qui était cette femme, c’était très particulier dès les premiers jours. C’est allé en s’amplifiant.
La saison des prix littéraires s’achève, quels sont vos projets?
J’ai la chance que le livre sorte dans beaucoup de pays, je vais voyager pour le défendre un peu. Beaucoup de pays ont envie d’accueillir des expositions de Charlotte Salomon, je vais voir comment tout cela va se mettre en place. J’ai rencontré le maire de Nice, celui de Villefranche-sur-Mer, il va y avoir des expos en septembre prochain. Gallimard va publier une édition illustrée l’année prochaine. Je collabore avec tous les gens qui ont travaillé sur Charlotte Salomon, des artistes, des chorégraphes…
Vous n’avez pas de projet de film?
Non, aucun. Les Souvenirs sortent en janvier, mais c'est un film de Jean-Paul Rouve.
Vous n’avez pas envie de vous replonger tout de suite dans une autre histoire?
Honnêtement, je ne crois pas. J’aime bien l’idée de faire une pause. C’est un livre qui m’a demandé beaucoup d’énergie. Ça va revenir mais je ne sais pas quoi et quand, mais ça n’a pas beaucoup d’importance pour moi. Je suis très heureux de continuer à défendre la mémoire de Charlotte Salomon. Je suis incapable de vous dire quel pourrait être mon prochain livre et tant mieux, non?
Vous vous êtes attaqué à un thème plus grave et vos lecteurs se demandent si vous reviendrez à des sujets légers…
C’est vrai, plein de lecteurs préfèrent ça. Je ne sais pas ce qui va me porter, mais pour moi, il n’y a pas de hiérarchie.