CULTUREKraftwerk déroule son «katalog» en 3D à la Fondation Louis Vuitton

Kraftwerk déroule son «katalog» en 3D à la Fondation Louis Vuitton

CULTURELe groupe allemand y jouera ses huit albums, portés par des visuels en 3D, entre le 6 et le 14 novembre…
Anaëlle Grondin

A.G. avec AFP

Le légendaire groupe allemand Kraftwerk, pionnier de la musique électronique devenu en 40 ans d'avant-gardisme un acteur influent de l'art contemporain, investit la Fondation Louis Vuitton pour y jouer les huit albums de sa discographie officielle portés par d'impressionnants visuels en 3D.

Le collectif né à Düsseldorf en 1970 se produira huit soirs du 6 au 14 novembre dans ce nouveau haut lieu culturel de la capitale qui vient d'ouvrir ses portes. Un choix qui prend tout son sens lorsqu'on énumère les prestigieux endroits par lesquels est déjà passée cette ambitieuse tournée mondiale initiée en 2012: le MoMA de New York, la Tate Modern Gallery de Londres, l'Akasaka Blitz de Tokyo ou encore l'Opera House de Sydney.

>> En images: La Fondation Louis Vuitton ouvre ses portes

Dans le vaisseau de verre parisien flambant neuf, haut de 40 mètres, conçu par l'architecte Frank Gehry, Kraftwerk déroulera son katalog devant un public de 1.000 personnes par soir (toutes les places se sont vendues en quelques heures), qui chausseront pour l'occasion des lunettes en 3D prévues pour les animations sur un écran géant.

Tout au long de sa carrière, Kraftwerk s'est toujours attaché à faire de ses spectacles une performance audiovisuelle, artistique, unique, confinant souvent au happening devant un auditoire de fans comme de curieux, tous rassemblés dans un même silence quasi-religieux.



Du duo originel fondé en 1970, il ne reste plus qu'une seule éminence grise, Ralf Hütter, depuis le départ de Florian Schneider en 2009. Il est désormais accompagné des percussionnistes Henning Schmitz et Fritz Hilpert, ainsi que de l'opérateur visuel Stefan Pfaffe, tous issus du Kling Klang, le studio d'enregistrement et laboratoire des expérimentations du collectif, dont l'adresse à Düsseldorf est longtemps restée secrète.

Les membres de Kraftwerk, qui fabriquaient leurs propres boîtes à rythmes et imaginaient pouvoir faire leurs concerts à distance en commandant des mannequins ou leurs propres avatars robotiques sur scène, sont parvenus à une telle mise en scène ces dernières années, le temps d'un morceau, le bien nommé The robots.



Contrairement à ce que leur posture scénique quasi-statufiée derrière leurs consoles informatiques laisse imaginer, leurs représentations ont souvent donné libre court à l'improvisation malgré les multiples programmations et pistes numériques desquelles naissent leurs morceaux.

Car bien avant de devenir un groupe du futur puisant sa substance dans les synthétiseurs ou les ordinateurs, Kraftwerk était bel et bien à ses débuts un groupe instrumental du présent, porte-étendard d'un genre musical né en Allemagne à la fin des années 60, le krautrock, qui mêle pop psychédélique et rock expérimental.

Mais à cette époque du tout électrique, Kraftwerk pensait déjà électronique. Et après trois albums à la réception mitigée (Kraftwerk, Kraftwerk 2, Ralf und Florian, aujourd'hui retirés de la discographie officielle), le groupe a finalement trouvé la bonne formule en mariant batterie, violon, guitare et flûte aux machines sur Autobahn (1974), son premier gros succès.

De Bowie à Daft Punk

Suivirent quatre albums tout aussi essentiels et novateurs, Radio-Activity (1975), Trans Europe Express (1977), The Man-Machine (1978) et Computer World (1981), qui ont inspiré plus d'une génération d'artistes de David Bowie à Daft Punk en passant par Joy Division, Depeche Mode ou Bjork.

C'est en suivant cette chronologie que chacun de ces albums sera joué à Paris à raison d'un par soir, tout comme le seront Electric Café (1986), The Mix (1991) et Tour de France Soundtracks (2003) leur dernier effort en date, inspiré par leur passion commune pour le vélo. Kraftwerk s'apprête même à sortir l'année prochaine son 9e album, fidèle à son leitmotiv: Music non-stop.