Feu! Chatterton fait partie de ses groupes dont on entend à plusieurs reprises le nom avant leur musique. Le jeune quintet français développe une chanson rock à tendance poète dandy qui séduit la critique. Outre d’habiles compositions qui lorgnent aussi bien du côté de Radiohead que du hard rock des origines, Feu! Chatterton mise sur des textes très travaillés, dans la pure tradition de grande qualité française.

Après les Inouïs du printemps de Bourges et le prix Chorus des Hauts de Seine avant l’été, Feu! Chatterton a été lauréat des Inrocks Lab (prix du jury et du public) et enfin membre de la sélection du Fair 2015. «A un moment, on s’est inscrit à tous les tremplins possibles, raconte Arthur, chanteur du groupe. Avant, quand je voyais des groupes gagner tous les concours, je leur en voulais à ces salauds, je trouvais ça injuste. Maintenant, je relativise…»

S’ils ne font pas forcément une carrière, ces prix profitent forcément aux lauréats. «On a pris confiance, on a musclé notre jeu, raconte Arthur. Et on a changé de matos aussi.» De manière plus concrète, les prix sont souvent assortis de primes en nature comme des sessions en studios ou des résidences. «Tout est allé vachement vite. Il a fallu apprendre à tout gérer à la fois… On ne peut pas dire qu’on va composer pendant deux mois, puis enregistrer les titres en studio et enfin travailler le live pendant trois semaines. Mais c’est cool aussi comme ça.»

Dans la même cage que Fauve

Le parcours sans faute de Feu! Chatterton fait penser à celui du collectif Fauve. Outre un succès rapide, les deux groupes partagent une bonne connaissance du monde de la musique. Comme l’un des membres de Fauve, Arthur a travaillé dans une grande maison de disques. Feu! Chatterton a également joué en première partie de Fauve au printemps dernier. Les deux groupes ont pu échanger sur leur manière d’appréhender le succès. «Même si ce qui nous arrive est plus relatif, on suit un peu leur méthode. Ils nous ont expliqué qu’avoir un collectif très soudé, ça aide.»

Là où Fauve divisait la critique entre fans et «détestateurs», Feu! Chatterton créé un engouement plus modeste mais unanime. «C’est excitant et un peu effrayant aussi. On sait bien qu’on peut être vite perdus face à ce manège. Mais on est cinq, on se soutient comme ça. C’est une gageure pour nous de faire ça ensemble. Ce truc, on le vit en équipe, sinon ça n’a aucun intérêt.»

Le label du succès

Et la méthode leur sourit. Cette année, outre un premier mini-album, le groupe a joué dans la trilogie des festivals qui comptent aux yeux et aux oreilles des professionnels: le Printemps de Bourges, les Francofolies de La Rochelle et Rock en Seine. Lors du festival parisien, la plupart des responsables de labels faisaient la queue pour rencontrer le groupe. Pas encore officiellement décidé pour tel ou tel, le groupe confesse sa tentation de «pouvoir profiter des moyens financiers d’une major pour enregistrer confortablement en studio.»

En attendant, Feu! Chatterton tourne, encore et encore, pour augmenter son audience et faire en sorte que sa bonne renommée se transforme bien vite en ceinture dorée.