CULTUREGoncourt des Lycéens: Les auteurs en opération séduction

Goncourt des Lycéens: Les auteurs en opération séduction

CULTUREEric Reinardt, Kamel Daoud, Grégoire Delacourt… Douze auteurs en lice pour le Goncourt rencontraient jeudi plus de 300 lycéens, qui éliront le 18 novembre leur lauréat…
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

Cette fois, c’est eux qui font passer l’examen. Près de 300 lycéens participant au Goncourt des lycéens soumettaient jeudi 12 auteurs à leurs questions, dans un amphithéâtre de Créteil. Depuis que la 1ère liste du Goncourt est tombée le 4 septembre, les lycéens sont plongés dans la lecture de 15 livres, parmi lesquels ils choisiront leur Goncourt. Sorj Chalandon l’an dernier, Joël Dicker en 2013: les deux derniers lauréats montrent bien combien le prix peut lancer ou appuyer un succès éditorial. Pour les auteurs, c’est donc l’opération séduction.

Opération en terrain favorable

Leur chance: le public à charmer pourrait difficilement être plus réceptif. Adrien Bosc, le jeune auteur de Constellation, rappelle que c’est son premier roman... Applaudissements. Kamel Daoud cite Albert Camus, Pauline Dreyfus lance qu’elle n’est «pas sûre que les gens qui s’indignent en temps de paix s’indigneraient en temps de guerre», idem, la salle applaudit.

Encore mieux si l’auteur se fend d'une blague. Eric Reinhardt évoque son inscription sur Meetic, sous le nom d’une femme, pour observer les approches masculines avant d’y inscrire son héroïne Bénédicte Ombredanne dans L’Amour et les forêts. «Eh bien, je vous plains mesdemoiselles!». Un «merci» général, amusé, résonne dans l’amphithéâtre. «Au début de l’écriture, vous ne savez pas si ça va être un roman ou un SMS», lance Kamel Daoud, accueilli par de grands rires, y compris de notre voisin occupé à enchaîner les SMS.

Gagner des votes

«Le fait de pouvoir échanger avec eux, ça donne un plus au vote», explique Fatima, 16 ans, qui tient dans les mains le roman de Grégoire Delacourt dédicacé. «Le roman, je l’ai adoré, et en plus l’auteur est merveilleux, alors…», dit-elle avant de s’interrompre: «Eh mais faut pas le dire aux journalistes, vous nous avez piégés!». On ne rigole pas avec le secret du vote. Elles insistent quand même: «C’est une merveilleuse aventure. On le vit qu’une fois dans une vie.»

L’aventure -pour reprendre le lexique qu’on soupçonne inspiré de quelques émissions de télé- est aussi pour les auteurs, peu habitués à ce lectorat-là. «C’est magnifique, parce qu’ils ont l’art de poser les questions les plus simples et les plus sincères. Elles sont brutales, et on est obligés d’être dans le vrai», se réjouit Kamel Daoud.


Etre le prochain sur la liste (de lecture)

Pas d’entourloupe sur les réponses, il faut plaire et leur donner envie de lire. Marie n’avait «pas du tout envie» de lire le livre d’Eric Vuillard. «Mais j’ai beaucoup aimé ce qu’il disait ce matin, ce sera mon suivant, du coup». Le suivant sur une liste conséquente. Tous doivent idéalement tout lire, mais certains sont plus avancés que d’autres. Sybille, en 1ère L au lycée Poitiers d’Orléans, en a déjà lu 12 sur 15. «Je fais un concours avec la prof, elle en est à 11!», nous dit-elle, ravie, et «pas contre» l’idée d’être la future déléguée pour représenter sa classe dans le jury qui délibérera début novembre.

Fin de la rencontre, un groupe du lycée de Vanves fait ses pronostics en évaluant l’affluence aux tables des dédicaces. «Tout le monde va voir Foenkinos et Delacourt, ils étaient super applaudis. Clara Dupont-Monod aussi. Ce sera eux le trio de tête, c’est sûr.» Réponse le 18 novembre.