EXPOSITIONMayas: L’éternel retour des expos ratées

Mayas: L’éternel retour des expos ratées

EXPOSITIONLe musée du quai Branly accueille une exposition internationale sur la civilisation Maya…
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

Splendides objets archéologiques, belles salles claires, cartes et cartels didactiques… Et au bout du compte: l’ennui. L’exposition que le musée du quai Branly consacre à la prodigieuse civilisation Maya a auparavant été montrée à Mexico et Sao Paulo. Après Paris, jusqu'au 8 février 2015, elle ira à Liverpool.

Montée alors que la fin du monde, celle de 2012, prétendument prophétisée par les Mayas suscitait une curiosité mondiale sur cette civilisation méso-américaine, l’exposition est riche d’objets très variés et d’une qualité rare.

Le temps de comprendre les cycles

«C’est une façon de montrer la splendeur des Mayas, mais aussi leur vie quotidienne, leur croyance, explique Mauricio Ruiz, archéologue mexicain, co-commissaire de l’exposition. Nous avons obtenu des prêts exceptionnels de la plupart des grands musées mexicains et des musées de sites archéologiques.»

L’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire du Mexique a conçu une exposition vitrine qui vante le haut degré de sophistication des sociétés mayas et la qualité des études réalisées par les chercheurs mexicains.

Musée du quai Branly. Exposition temporaire : - © musée du quai Branly, photo Gautier Deblonde

«Il s’agissait d’une vision cosmogonique du monde, explique Mauricio Ruiz. Il faut se mettre dans cet état d’esprit où le temps est aussi l’espace pour la comprendre.» Construite comme un livre, avec ses chapitres, ses belles images et ses notes de bas de page que personne ne lit, l’exposition intitulée «Mayas, révélation d’un temps sans fin» échoue hélas à faire comprendre la perception du temps par ces peuples. Une seule certitude: ils n’ont pas prévu de fin du monde.

Sus aux fantasmes

«Il y a beaucoup de fantasmes autour des Mayas, un sentiment de fascination, explique Fabienne De Pierrebourg, responsable des collections Amérique du musée du quai Branly. On le constate quand nous exposons le fameux crâne de cristal. Mais les Mayas n’étaient pas plus ni moins mystiques que nous.»

Vase tripode avec figurines Légende (Becán, Campeche, Mexique) présenté dans l'exposition Mayas du musée du quai Branly du 7 octobre 2014 au 8 février 2015. - Museo Regional de Antropología, palais Cantón, Mérida, Yucatán, Mexique

Imaginée dans un but éducatif, l’exposition délaisse volontairement la question des sacrifices humains, largement exploitée par les conquistadors espagnols pour «valider leur entreprise de conquête» explique Fabienne De Pierrebourg.

De même, la fascination qu’ont exercée sur l’imaginaire occidental les mystères de l’écriture et des rites mayas n’est pas du tout abordée. La formidable aventure archéologique et humaine qu’a constituée la redécouverte des cités mayas perdues dans la jungle est pareillement absente.

Grenouille en or aux yeux de turquoise (Chichén Itzá, Yucatán, Mexique) présentée dans l'exposition Mayas du musée du quai Branly du 7 octobre 2014 au 8 février 2015. - Museo Nacional de Antropología, Mexico, Mexique

En 2012, une exposition sur «Les masques de jade Mayas» à la Pinacothèque de Paris péchait par excès inverse: le sensationnalisme. Un futur proche verra peut-être l’avènement d’une exposition équilibrée, savante et exaltante, sur cette passionnante civilisation. La vision multi-cyclique du temps selon les Mayas autorise cet espoir.