MUSIQUEGui Boratto insuffle à la techno une chaleur brésilienne

Gui Boratto insuffle à la techno une chaleur brésilienne

MUSIQUELe Brésilien Gui Boratto sort ce lundi son quatrième album chez le label allemand Kompakt. Le lumineux et excitant «Abaporu» fait voyager entre les deux hémisphères...
Joel Metreau

Joel Metreau

Le Brésil, ce n’est pas seulement des roulements de samba ou des roucoulements de bossa nova. A Sao Paulo, c’est le rap déclamé par Emicida et Criolo ou la musique électronique de Gui Boratto. A 40 ans, il sort son quatrième album, l'excitant et lumineux Abaporu. «C’est mon album le plus joyeux et le plus solaire, aussi le plus équilibré, ni tout à fait techno ni tout à fait ambient. Ma femme chante même dessus», confie Gui Boratto à 20 Minutes.



Au défilé de Karl Lagerfeld

Son précédent album, III, était entouré d'un halo de ténèbres. «Il avait un son très rock, dur, presque maléfique. Mais j’avais besoin de le faire. Et j’avais été agréablement surpris que Karl Lagerfeld en utilise des morceaux pour son défilé. Je pensais que David Guetta avait plus de chance d'y figurer.» Adolescent, Gui avait commencé à jouer de la guitare, dans les pas des métalleux de Black Sabbath, Whitesnake et Deep Purple. Avant de passer aux synthétiseurs dans le sillage de Depeche Mode, New Order, The Sisters of Mercy… Puis vinrent la house et la techno.



«La musique coule dans mes veines»

Son père, un ingénieur, lui avait ramené d’Europe un séquenceur et deux synthétiseurs pour l’encourager dans sa passion. Gui Boratto assure: «Toute ma famille joue de la musique. Mon grand-père était le chef d’orchestre d’un ensemble régional. La musique coule dans mes veines.» Difficile alors d’en vivre, le pauliste vend des jingles pour des publicités et poursuit ses études d’architecture.

«Mon acte de cannibalisme»

Au pays d’Oscar Niemeyer, Gui Boratto conçoit ses morceaux comme des plans de bâtiments. «Une chanson, c’est une structure, de l’espace, des rythmes. C’est comme lorsqu’on dessine une maquette.» L’album Abaporu emprunte aussi son nom au tableau peint par l’artiste Tarsila do Amaral en 1928. Un tableau qui inspire «le mouvement anthropophage» de cette époque, un mouvement littéraire où les modernistes brésiliens appelaient à l’assimilation des cultures étrangères. «Abaporu, c’est mon acte de cannibalisme, c'est emprunter des références çà et là pour construire quelque chose de nouveau.»

Sur le label Kompakt

«Le mouvement anthropophage» jetait des ponts nouveaux entre le Brésil et les anciens colonisateurs européens. Au Brésil, Gui Boratto est peut-être l’un des musiciens électro les plus allemands. En 2005, son premier album Chromophobia était accueilli sur le label colonais Kompakt, vaisseau amiral de la techno d'outre-Rhin. «J’étais comme le vilain petit canard à l’époque. A Berlin, les gens portaient leur attention sur le dance-floor, alors que moi j'amenais ces morceaux plus lents, presque naïfs et introspectifs.»

Ces derniers temps, il préfère jouer devant des salles de 500 personnes que de faire danser de loin la foule des festivals. «Au Brésil, il y a aussi ces fêtes immenses pour 5.000 ou 10.000 personnes. Les gens paient une fortune pour s’y rendre. C'est un paradoxe, alors que nous rencontrons encore de gros problèmes économiques et sociaux.»

Tournée en France

Le Brésilien Gui Boratto sera en live à Paris le 17 octobre au Zig Zag. Il sera accompagné de deux autres figures du label allemand Kompakt: Michael Mayer, cofondateur du label, et le duo Terranova. Puis, Gui Boratto fera une halte à Marseille le 24 octobre (au Cabaret aléatoire), à Caen le 25 octobre, et à Lyon le 26.