ROYAUME-UNIEcosse: Les indépendantistes catalans et flamands observent de près le référendum

Ecosse: Les indépendantistes catalans et flamands observent de près le référendum

ROYAUME-UNIDes délégations catalanes, flamandes, corses et bretonnes assistent au vote pour ou contre l’indépendance de l’Ecosse…
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

De notre envoyé spécial à Edimbourg,

Les drapeaux écossais, ainsi que les badges «Yes, ou «Aye» en gaélique, sont très largement majoritaires dans les rues et aux fenêtres d’Edimbourg. Mais le drapeau catalan, celui d’une catalogne indépendante, jaune et rouge, orné d’une étoile blanche sur un triangle bleu, est également très présent.

Venu de Barcelone, Manuel a fait le déplacement en Ecosse avec plusieurs amis militants: «Nous sommes venus apporter notre soutien et observer la méthode des indépendantistes écossais.» S’il reconnaît des points communs entre la situation de «nos deux peuples», cet étudiant en commerce international estime que «l’Ecosse a déjà beaucoup plus de liberté vis-à-vis de Londres que la Catalogne contre Madrid.»

«Pas de murs à nos frontières»

Dans deux mois, un vote similaire devrait avoir lieu en Catalogne. Pour l’instant, le gouvernement espagnol refuse qu’il ait un impact constitutionnel. «Pour des raisons historiques et politiques, le référendum écossais a pu avoir lieu, note Maria. Pour nous, c’est plus difficile. Pourtant, la plupart des Espagnols non catalans souhaitent notre indépendance. Alors que les Anglais veulent garder l’Ecosse dans le Royaume-Uni.»

Ezequiel, militant basque, écoute attentivement Maria: «Nos mouvements d’indépendance modernes ne peuvent pas passer par la violence mais uniquement par le lobbying. Les peuples écossais, basques ou catalans veulent rester dans l’Europe. Il ne s’agit pas de construire des murs sur nos frontières mais de retourner à une démocratie plus directe, plus proche des aspirations réelles des citoyens.»

L’abstention fait le jeu des indépendantistes

«Nous ne sommes pas la Crimée ni le Haut-Karabagh, argumente Pablo. La Catalogne a un projet économique viable, par exemple. Et l’Espagne resterait notre partenaire numéro un. A tous points de vue. Tout comme l’Ecosse continuerait à avancer avec l’Angleterre

Les indépendantistes flamands sont plus discrets dans les rues d’Edimbourg. De même que quelques Corses. Eric, venu d’Ajaccio, discute avec des militants flamands du N-VA. «Quand les Ecossais nous racontent comment ça s’est passé pour eux, on se dit que la déliquescence politique de la France et de la Belgique peut jouer en notre faveur.»

La Corse indépendante en 2025?

Au-delà des questions historiques propres à l’Ecosse, Eric note que de nombreux adeptes de l’indépendance expriment leur mépris des dirigeants de Londres. «Si les indépendantistes corses trouvaient, comme ici, un consensus politique qui dépasse le clivage gauche-droite, et un projet novateur et excitant, la Corse pourrait être indépendante dans dix ans.»

«Nous aussi, nous sommes une vieille monarchie, remarque le Flamand Jan. Et nous aussi avons envie de modernité. Il n’y aura pas de référendum chez nous parce que ce serait une insulte aux Wallons, qui sont nos frères. Mais petit à petit, parce que chacun découvre que c’est mieux ainsi, nous allons prendre des chemins différents.»

Et la tendresse bordel?

Steven, «Anglais de Cornouailles», installé depuis vingt ans en Ecosse et adepte du «Green Yes» à l’indépendance, observe ces velléités d’autonomie de peuples européens avec circonspection. «L’Ecosse n’a pas seulement une histoire et une culture qui appellent à l’indépendance, elle a un projet politique unique au monde. Pour le mener à bien, nous n’avons pas le temps de convaincre les conservateurs britanniques. J’ai l’impression qu’il n’y a pas ce consensus en Catalogne, mais seulement une haine de l’Espagne.»

Catherine, également venue de Corse, remarque que «les plus fervents défenseurs de l’indépendance de la Corse, ce sont les Français. Ils ne nous aiment pas. Tant que l’indépendance sera un choix guidé par le rejet et non par l’amour, ça ne prendra pas.»