«Les Parapluies de Cherbourg» ont retrouvé le devant de la scène
SPECTACLE•Michel Legrand redonne vie aux «Parapluies de Cherbourg» dans une version orchestrale au théâtre du Châtelet, à Paris…Benjamin Chapon
Le chef-d’œuvre de Jacques Demy a 50 ans. Pour fêter l’anniversaire de «cette œuvre très étrange, ni un opéra, ni une comédie musicale», le compositeur Michel Legrand a imaginé une version symphonique.
Avec une nouvelle distribution pour rejouer, devant l'orchestre, cette histoire d’amour intemporelle, palme d’or au Festival de Cannes 1964. Marie Oppert reprend le rôle de Catherine Deneuve, Vincent Niclo joue son amoureux et Natalie Dessay sa mère.
«Je voulais écrire des arias»
«C’est une drôle d’œuvre. Il n’y a pas de chansons mais des thèmes. Je voulais écrire des arias, mais pas des arias d’opéra». D’où la difficulté de transposer les airs du film en une version adaptée à la scène du Théâtre du Châtelet. «J’ai refait toute l’orchestration, explique Michel Legrand. On a demandé à Sempé de nous faire des décors, magnifiques d’ailleurs, et il y a une légère mise en mouvement. Sinon, les gens s’emmerdent aux concerts.»
Conversations musicales
Revenant sur la genèse des «Parapluies de Cherbourg», Michel Legrand se rappelle qu'«avec Jacques Demy, on voulait mettre en musique des conversations du quotidien. J’ai dû mettre en musique un script destiné à être parlé. Rien ne rime, j’ai écrit des thèmes qui s’enchaînent les uns aux autres. C’est venu comme ça.»
Si le résultat a séduit les cinéphiles de plusieurs générations, grâce aux couleurs et au cadre uniques de Jacques Demy, la version orchestrale laisse le spectateur seul face aux errements sentimentaux de Geneviève. «J’aime que le chant soit dans le rythme de la parole, explique Michel Legrand. J’ai horreur du lyrique classique où on s’arrête sur une syllabe pendant une heure. Ça n’a pas de sens.»
Sans Deneuve ni concession
Dans cette version-là, «Les Parapluies de Cherbourg» retrouve la radicalité que son statut de film culte a pu faire oublier. «Ce film, personne n’en voulait, tous les producteurs nous ont jetés, les gros et les petits. Tous», rappelle Michel Legrand.
«Je n’ai jamais fait une once de concession au cours de ma carrière. Quand j’ai une idée, je la défends, jusqu’à la mort. Je n’ai jamais cédé. C’est bien, le combat, pour ce qu’il y a de très important.»