Amazon contre Hachette: Filippetti dénonce les «pratiques inqualifiables» du géant américain
CULTURE•La ministre de la Culture a indiqué au «Monde» qu’elle menait un combat contre le site de e-commerce américain…Anaëlle Grondin
Amazon s’est fait beaucoup d’ennemi ces derniers mois. Ce week-end, 900 écrivains ont poussé un cri de colère dans les colonnes du New York Times pour dénoncer les pratiques de la firme, engagée dans une lutte interminable avec Hachette autour du prix des livres électroniques.
Pour faire pression sur l’éditeur, Amazon emploie les grands moyens, allongeant les délais de livraison de ses livres ou encore empêchant certaines commandes. Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture, qui avait déjà dénoncé des pratiques «inacceptables» fin mai, revient à la charge. Elle évoque ce mardi les «pratiques inqualifiables» d’Amazon dans Le Monde.
«Je défends l’écosystème du livre en entier»
«Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d'Amazon. C'est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l'accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale», a-t-elle déclaré. Elle précise toutefois qu’il ne s’agit pas ici de défendre spécifiquement Hachette: «Les auteurs qui ont signé la tribune ne sont pas tous publiés par Hachette, ils ont simplement conscience de l'intérêt général. Pour ma part, je défends l'écosystème du livre en entier, pas un acteur en particulier.»
La ministre avait affirmé dans un communiqué fin mai: «Faire du chantage aux éditeurs en restreignant l'accès du public aux livres de leurs catalogues pour leur imposer des conditions commerciales plus dures n'est pas tolérable». Elle avait aussi appelé la Commission européenne à «exercer toute sa vigilance pour prévenir des situations d'abus de position dominante si celles-ci étaient attestées en Europe».
Amazon veut augmenter ses marges à tout prix
Depuis de nombreux mois, le torchon brûle entre Amazon et plusieurs maisons d'édition (pas uniquement Hachette), qui se plaignent d'un allongement des délais de livraison ou de l'arrêt des précommandes de leurs livres sur le site du géant américain. L'objectif d’Amazon serait, selon la presse américaine, d'obtenir des prix plus favorables de la part de certains éditeurs afin d'augmenter ses marges, notamment sur le segment des livres électroniques où il est l'un des principaux acteurs grâce à sa liseuse Kindle.
Ce n'est pas la première fois qu'Amazon recourt à de telles pressions: en 2010, il avait temporairement retiré de la vente sur son site américain tous les titres de l'éditeur Macmillan (groupe Holtzbrinck), pour forcer ce dernier à accepter de nouvelles conditions commerciales.