ECONOMIEIntermittents: L'annulation des festivals aurait des conséquences économiques catastrophiques

Intermittents: L'annulation des festivals aurait des conséquences économiques catastrophiques

ECONOMIELors de l’annulation du Festival d’Avignon en 2003, la ville avait estimé à 23 millions d’euros le manque à gagner...
Annabelle Laurent

A.L. avec AFP

Le Festival d'Avignon sera t-il annulé? La CGT-Spectacle a appelé à «une grève massive» le 4 juillet, jour de l'ouverture du festival d'Avignon. L'annulation de certains festivals de l'été à la suite du mouvement des intermittents aurait des conséquences économiques catastrophiques à la fois pour les festivals et pour les collectivités locales, qui bénéficient de retombées de l'ordre de 5 à 10 euros pour un euro investi, selon plusieurs études de terrain.

Douze festivals par jour en moyenne cet été

Près de 2.000 festivals animent les villes et villages français, dont la moitié pendant l'été avec des manifestations emblématiques comme Avignon, Aix-en-Provence (opéra) et des rassemblements massifs comme Hellfest en Loire-Atlantique. On compte sur le seul mois de juillet 12 festivals par jour en moyenne, avec un record pour le premier week-end de juillet.

Lors de l'annulation du festival en 2003, date de la dernière grande crise des intermittents, la ville désertée par les festivaliers avait estimé à 23 millions d'euros le manque à gagner, bien que le «Off» ait continué de jouer massivement.

Chaque euro déclenche 10 euros d'impact économique direct

L'ardoise est lourde pour les organisateurs mais elle l'est aussi pour les hôteliers, restaurateurs, commerçants etc. La fédération France Festival estime qu'un festival génère en moyenne 6,83 euros d'impact économique pour un euro de subvention, sur la base d'une étude portant sur 19 festivals de toutes tailles et genres en 2009.

A Aix-en-Provence, chaque euro de subvention versé déclenche 10 euros d'impact économique direct: transport, hôtellerie, restauration et achats des spectateurs, mais aussi production artistique, tournées des spectacles, productions audiovisuelles etc. Le festival emploie 927 personnes, dont 72% d'intermittents qui doivent se prononcer sur une éventuelle grève à compter du 2 juillet, jour de la première de «La Flûte enchantée».

Un désastre économique pour les territoires du sud de la France

Une grande partie des festivals se déroulent dans le sud de la France, d'où le cri d'alarme du président PS de la région Rhône-Alpes Jean-Jack Queyranne mardi. «L'annulation serait un désastre économique pour ces territoires qui bénéficient, généralement, de coefficients multiplicateurs, en terme de retombées économiques, oscillant entre 4 et 13», avait-il estimé dans une lettre au médiateur nommé par le gouvernement.

«Nous sommes très inquiets», a indiqué à l'AFP Bénédicte Dumeige, directrice de France Festivals, qui fédère 81 festivals de musique et spectacle vivant. «La situation n'est plus du tout celle de 2003», observe-t-elle. «Énormément de festivals ne sont plus aidés par l'Etat. Or, certaines collectivités locales ne pourront pas faire face à une annulation, elles n'auront pas les réserves pour compenser les pertes et on est pas du tout sûr que les festivals puissent s'en remettre», dit-elle.

D'autant que la plupart de ces manifestations ne sont plus assurées pour le risque de grève. «Je ne connais plus de festivals assurés, c'est devenu beaucoup plus difficile», précise Mme Dumeige. Si Avignon était annulé en 2014, «les éditions de 2015 et 2016 seraient aussi compromises», a indiqué à l'AFP Paul Rondin, directeur délégué du Festival. Olivier Py à Avignon et Bernard Foccroulle à Aix-en-Provence ont martelé qu'ils n'annuleraient pas, même confrontés à la grève.