BDNatacha «entre dans la modernité» en se mettant toute nue

Natacha «entre dans la modernité» en se mettant toute nue

BDLe dessinateur belge François Walthéry publie deux nouveaux albums dont les héroïnes n’hésitent plus à se dévêtir...
Olivier Mimran

Olivier Mimran

Créée par Gos et Walthéry en 1965, l’hôtesse de l’air la plus connue de la bande dessinée franco-belge a de très beaux restes! Son physique parfait, inspirée de celui d’actrices de l’époque (parmi lesquelles Brigitte Bardot et Sophia Loren), a émoustillé plusieurs générations de lecteurs même si la série, pré-publiée dans l’hebdomadaire Spirou, est toujours restée très «sage». Désormais adultes, les lecteurs de la première heure vont enfin pouvoir découvrir ce parangon du personnel navigant… dans le plus simple appareil.

Un potentiel naturellement érotique

François Walthéry, éternel dessinateur de la belle, ose enfin la déshabiller dans le préambule de «L’épervier bleu», 22e tome des aventures de l’hôtesse. «Peyo [auteur des Schtroumpfs, dans le studio duquel Walthéry fit ses débuts, NDLR] me disait souvent qu’avec un personnage pareil, il fallait introduire de l’érotisme. Mais ça n’était pas possible dans les années 1970 auprès d’un lectorat aussi jeune», explique Walthéry à 20 Minutes.

Près de 50 ans plus tard, les mœurs ont évolué et Natacha peut apparaître nue, même si la scène est plus suggestive qu’explicite. «C'est arrivé suite à un pari que j'avais fait avec des copains. J'ai réussi à honorer ma parole en l'animant dans le noir, de manière à ce qu'on n'en voit pas trop quand même!», rigole Walthéry. De fait, le reste de l’album est «habillé», même s’il se déroule au bord de la mer où l’on suit… la grand-mère de Natacha!

Telle grand-mère, telle petite-fille

Car comme dans le volume précédent, notre héroïne se plonge dans le journal de son aïeule –aussi sexy qu’elle, les chiens ne faisant pas des chats. Alors qu’à bord d’un voilier, elle navigue vers l’Europe de l’immédiat après-guerre en compagnie du grand-père de Walter (un steward, le meilleur ami de Natacha), celle-ci doit affronter Blackmoon, un pirate sans foi ni loi…

Adapté d’un scénario posthume de Sirius, ce trépidant et exotique album fait la part belle à l’Aventure avec un grand A. Et s’il reste de facture plutôt classique, on n’est pas près d’oublier qu’il contient les premières scènes de nu d’un sex-symbol qui avait pourtant, jusque là, réussi à s’en passer. «Je sens qu’on va beaucoup m’en parler, mais j’assume complètement, précise l’auteur, parce que ce soupçon d’érotisme la projette dans une certaine modernité qui lui faisait probablement défaut. Je pense qu’en apparaissant nue, décomplexée et bien dans sa peau, Natacha s’inscrit dans le nouveau millénaire».

Apès Natacha, Nora

Une bonne chose n’arrivant jamais seule, François Walthéry publie simultanément le 1er tome de «L’aviatrice», une nouvelle série brillamment écrite par Borgers et s’inscrivant dans un contexte historique «lourd» (l’immédiat avant-guerre, cette fois). On y suit, en 1935, les exploits de Nora Stalle, une pilote intépide des lignes aéropostales qui est prise, lors d’un raid publicitaire, pour cible par un appareil de la toute récente Luftwaffe

Si l’atmosphère générale est plus sérieuse (sur fond de montée en puissance du IIIe Reich), Walthéry anime donc de nouveau une héroïne qui évolue dans les airs, au physique très avantageux et parfois, elle aussi, dénudée! «C’est un hasard, s'amuse Walthéry, mais un hasard heureux parce que j'adore les femmes. Mon épouse vous le confirmerait...» Ça tombe bien puisque nous, on adore les femmes dessinées par Walthéry. Qu’elles apparaissent nues ou pas!

  • Natacha #22 «L’épervier bleu», de Walthéry & Sirius – éditions Dupuis, 10,60 €
  • L’aviatrice #1 «Nora», de Borgers, Walthéry & Di Sano – éditions Paquet, 13,50 €