Vanité, vanités… Les internautes de 20 Minutes, en partenariat avec le festival du mot de la Charité-sur-Loire, France Télévisions, France Inter et TV5 Monde, ont choisi «selfie» comme mot de l’année. Entré dans les dictionnaires, ringardisé à force d’être banalisé, et déjà mort pour certains, le «selfie» est définitivement un nom commun.

Pour Erik Orsenna, président d'honneur du Festival du Mot, les votants «ont suivi la mode, évidemment, et la nouveauté technologique.» Le triomphe du «selfie» est également, pour l’écrivain, symptomatique «de la passion d’aujourd’hui pour soi-même, pour sa gueule.»

La french touch du «ie»

Pour autant, le vocable séduit Erik Orsenna pour sa forme franco-anglaise étonnante. «Il n’y a pas d’équivalent en français. La langue anglaise a ce génie du mélange. Et puis la terminaison très française du mot me plaît, c’est assez poétique.»

En revanche, l’auteur ne pratique pas le selfie lui-même. «Ça ne m’intéresse absolument pas. Bien sûr, être écrivain, c’est s’intéresser à soi-même, mais de manière plus distancée.»

Le «selfie» dans la peau

S’il reconnaît l’écrasante victoire de «selfie», Erik Orsenna doute de sa postérité. «Quand on aura 1000 images de soi dans tous les endroits du monde et avec toutes les personnes qui compte, que deviendra cette mode? C’est une passion de gens qui veulent se sentir uniques en faisant comme tout le monde. Dans ce genre de pratique, je crois que le tatouage a plus d’avenir parce qu’il a plus de passé.»

A propos d’avenir, Erik Orsenna aime aussi beaucoup le mot de l’année du jury: «Transition». «Que l’on considère que nous traversons une crise ou dans une période de nécessaire mutation, le mot «transition» me semble bien correspondre à notre époque.»