Coachella, cette méga-fiesta

Coachella, cette méga-fiesta

MAGAZINEAu festival californien, dont le 2e week-end se termine dimanche, la musique est loin d'être la seule attraction...
Philippe Berry

Philippe Berry

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Jour 1.

Pour le festivalier habitué des rendez-vous estivaux en Angleterre ou en Pologne, le niveau de sécurité à Coachella peut suprendre. Pour rentrer, il faut bouffer de la poussière en rangs serrés pendant 30 minutes et passer par deux check points. Pas de liquide ni d'objet pointu, comme à l'aéroport. Les gardes font vider poches, sacs et bouteilles. «Mais elle est fermée!», proteste une Américaine. Avec son accent de «Valley Girl» qui monte, dur de savoir s'il s'agit d'une question ou d'une affirmation. De près, c'est une évidence: elle a ressoudé le plastique du bouchon au briquet après l'avoir remplie, sans doute avec de la vodka. Busted.

Un chapeau de panda sur la tête, une fille attrape un sachet dans son soutien-gorge une fois la sécurité passée. Un «bro» bodybuildé, lui, de ses baskets. Les groupes utilisent la même méthode que les cartels mexicains pour passer la frontière: diviser la marchandise pour minimiser le risque. Une festivalière sort trois petites bouteilles d'un double-fond de son sac. Elle n'a pas eu peur. «Le pire qui puisse arriver, c'est qu'ils jettent ce qu'ils trouvent. Personne n'est refoulé.» Le top 5 des articles de contrebande, selon un volontaire: bouteille d'alcool, ecstasy et cannabis, surtout; et plus rarement acide et cocaïne.

Pour ceux qui respectent la loi, boire n'est pas donné. Siroter sa pinte devant la scène est même un délit. On se lave les dents dans un mini-gobelet de vodka-redull à 14 euros, parqués comme des vaches dans le «beer garden». Au loin, on entend vaguement Ellie Goulding chanter une reprise de The Weeknd. Pendant la reformation aussi attendue que décevante d'OutKast, les effluves d'herbes dominent. La nuit tombée, personne ne se cache vraiment. Des flics en civil circulent, selon la rumeur. Si c'est le cas, ils sont aussi bien planqués que Leonardo DiCaprio avec son bandana.

Jour 2.

Boire sur le festival est cher et compliqué. Heureusement, des riches sponsors organisent leur pool party de jour pour s’imbiber gratuitement les pieds au frais. Deux solutions: être connecté ou s'être inscrit gratuitement très tôt sur les guest-lists. Sonos et Pandora ont loué une villa et embauché le DJ Diplo aux platines. A l'iPad, plus exactement. Il appuie sur un bouton au début de son set et passe les deux heures suivantes à prendre des selfies avec des spring-breakeuses en bikini. Ça ne devrait pas l'empêcher de toucher entre 30.000 et 50.000 euros, selon l'estimation d'une professionnelle.

Le problème des day parties, c'est qu'elles font arriver en retard au festival. Les VTC d'Uber sont partout pour profiter de l'aubaine. Acceptez-vous la surcharge x3 pour l'heure de pointe? Pas le choix. «Voulez-vous recharger votre portable? iPhone 4 ou 5S, Samsung, j'ai tous les emboues», offre Terri, une soccer mom de San Diego venue arrondir ses fins de mois à Coachella.

Se donner rendez-vous après Lorde «sous l’astronaute, vers le milieu», semble une bonne idée. Sauf que la sculpture géante bouge et que les spectateurs doivent la pourchasser. Vive l'art mobile. Tout le monde finit par se retrouver pour Pharrell. Non, Daft Punk n'est pas là mais Diddy et Snoop sont venus faire du karaoké. Les spectateurs repartent «Happy».

Voir Muse ou prendre un taxi pour le Neon Carnival, le débat est vite réglé. Sponsorisée par Nylon, Olay et Guess, c'est the party VIP où vont toutes les stars. La porte est un véritable «shit show». «Je suis de la BBC, je connais Martin, laisser-moi passer», hurle une consœur venue de Londres. «Tout le monde connaît Martin, il faut patienter», répond le garde. A l'intérieur, c'est une ambiance The Great Gatsby sauce foire du Trône. Paris et Nicky Hilton prennent des photos à côté d'une fontaine lumineuse pendant que Zoe Kravitz mixe. Ses cheveux ne sont pas aussi beaux que ceux de Jared Leto, qui signe un autographe sur le bras d'une fan. Pour la diversité, c'est plutôt raté. Tout le monde est très riche et très WASP. Il est 4h du matin. Aaron Paul danse comme un forcené sur «I woke up in a new Bugatti». Une fille qui ressemble à Heidi Montag, de «The Hills», se réveillera, elle, dans une auto-tamponneuse.

Jour 3.

Les corps sont fatigués et les voix lâchent, usées par le sable et la poussière. Les batteries se rechargent cette fois à la Lacoste Party à coup de frozen Margarita. Lea Michele est là. Selon le New York Daily News, le star de «Glee» aurait été payée 20.000 dollars par la marque pour faire acte de présence, tout comme Vanessa Hudgens. Son agent a fermement démenti cet arrangement «pay to party», et elle ne porte finalement pas d'habits Lacoste. Devant un food truck, un festivalier commande une pizza «sans fromage». Une autre demande s'il y a une option «gluten free». Il ne lui manque qu'un t-shirt «Yes to drugs, no to carbs». So L.A.