L'art des «Indiens des plaines» exposée au Quai Branly
EXPOSITION•Le Quai Branly accueille la plus grande exposition jamais consacrés aux Indiens d’Amérique en France…Benjamin Chapon
Pas vraiment de frontières, encore moins d’Etat. Pas de grandes conquêtes et pas de monuments. Pas d’écriture et peu de témoignages directs. Le passé des Indiens d’Amérique a laissé peu de traces.
L’exposition que le musée du Quai Branly, à Paris, consacre aux «Indiens des plaines» débute par le présent. Artistes inventifs et transmetteurs de la mémoire indienne, ils démontrent que leur culture n’a jamais été aussi vivante.
La plus belle collection au monde
«Le plus compliqué avec ce genre d’expositions n’est pas de comprendre la philosophie et la culture indienne parce qu’elles sont largement incarnées par des artistes, des écrivains, des associations… Le plus dur est de réunir des objets du passé. Et pour cela, je savais que je pouvais compter sur la collection du Quai Branly, qui est la plus belle au monde.»
Le compliment ne vient pas de n’importe qui. Gaylord Torrence, qui dirige le musée Nelson-Atkins, à Kansas City, a assuré le commissariat de l’exposition du quai Branly qui partira ensuite aux États-Unis.
Un trésor diplomatique
«Il y a une connexion très forte entre la France et les cultures indiennes. A quelques mètres d’ici, sous la Tour Eiffel, William Cody avait installé son show Buffalo Bill’Wild West, mais sans Sitting Bull, pas autorisé à voyager en Europe. Mais même avant ça, Louis XV et Louis XVI avaient reçu de grands chefs indiens. C’est de là que provient la fabuleuse collection.»
Un véritable trésor de calumets, peaux de bisons décorées et coiffes, entre autres, dormait depuis plusieurs siècles dans les réserves royales puis républicaines. Un long travail de restauration permet aujourd’hui de redécouvrir ce qui représentait un ensemble de cadeaux diplomatiques.
L’essor grâce au nomadisme
«Bien sûr, ce sont des objets décoratifs et de cultes, raconte Gaylord Torrence. Mais les Indiens offraient aussi des objets usuels à leurs hôtes. C’était un signe de respect. Cette collection est donc particulièrement instructive.»
Après la culture indienne contemporaine, l’exposition présente donc son âge d’or: après la découverte des chevaux importés par les premiers colons espagnols et retournés à l’état sauvage. «Contrairement à toutes les cultures occidentales qui se sont sédentarisées pour croître, la culture indienne s’est développée grâce au nomadisme, rendu possible par les chevaux.»
Le cinéma mais pas la pop culture
Les mythes, l’iconographie, les modes de vie, les bisons… L’exposition n’élude pas la terrible répression dont vont être victimes les Indiens lors de la conquête du continent nord-américain par les colons.
En revanche, il est peu question de la représentation des Indiens dans les cultures occidentales et notamment la pop culture. Michel Ciment a concocté une sélection cinéphile de westerns dont des extraits sont montrés dans une des salles de l’exposition mais c’est à peu près tout.
Des photos mais pas de clichés
«L’objectif était justement de sortir des clichés et des visions faussées que l’on peut avoir des cultures indiennes, explique Gaylord Torrance. Nous voulions porter à la fois un regard scientifique et donner la parole aux Indiens eux-mêmes plutôt qu’à ceux qui ont caricaturé leurs modes de vie.»
Si l’exposition ne revient pas sur la production culturelle qui a permis à plusieurs générations d’enfants d’être fascinés par les Indiens d’Amérique (encore aujourd’hui), une dernière salle aux écrans interactifs se dédie à la découverte ludique des modes de vie indiens.
Deux splendides tipis y trônent. Mais le visiteur n’a pas le droit d’y entrer. C’est bien dommage et cela résume l’esprit de cette splendide exposition dans laquelle il est malheureusement difficile de rentrer.