Ibrahim Maalouf, le musicien qui entendait large
MUSIQUE•Après sa Victoire de la Musique, le compositeur et trompettiste est en tournée internationale…Benjamin Chapon
Lundi, à l’Olympia, il a rassemblé Juliette Greco et le Chœur de la Maîtrise de Radio France. Il a embarqué Michel Portal dans un solo aux consonances orientales. Il a fait venir un orchestre klezmer, convoqué Miles Davis, cité Serge Gainsbourg… Ibrahim Maalouf navigue à son aise dans les eaux du jazz, du classique, de la chanson et d’à peu près toutes les musiques du monde.
«Je veux inviter toutes les influences que j’aime. Je veux n’en rejeter aucune. Comme quand on invite tous ses amis, aussi différents soient-ils, pour le plaisir de les voir discuter et rigoler ensemble à la même table.»
Une audience qui grandit
A 33 ans, Ibrahim Maalouf est un musicien accompli. Il a fait sonner sa trompette aussi bien dans des orchestres tsiganes que sur les scènes jazz pointues. Du conservatoire de Paris aux rues de Beyrouth, sa ville natale, il a voyagé et a enrichi son vocabulaire au-delà de l’imaginable.
En février, il a reçu une Victoire de la Musique et son interprétation, tardive mais époustouflante, de son morceau «True Sorry» a encore élargi son audience déjà considérable pour un compositeur de musique instrumentale.
Du luth urbain
«J’ai un public très diversifié et bienveillant parce que je n’ai pas eu un parcours fulgurant. Les gens m’ont découvert petit à petit, par des chemins différents.» Dans les concerts d’Ibrahim Maalouf, le public chante les airs de trompette, danse, réclame ses titres préférés. «J’ai écouté beaucoup de pop dans la jeunesse, ça me plaît qu’il y ait cette ambiance-là dans mes concerts.»
Venu en chat à la rédaction de 20 Minutes, Ibrahim Maalouf a encore pu constater que son public attendait de lui un éclectisme forcené. De SafaC qui lui demande s’il compte «intégrer du luth» à sa musique à Carole impatiente de savoir quelle direction il prendra pour son prochain album: «Disons que je suis sur un délire un peu plus urbain. Mais pas que… Mais en même temps quand j’y pense je pense que c’est plus ethnique… Non. Plus jazz… Enfin, pas complètement!»
Ne lui parlez pas de projets
Aujourd’hui, Ibrahim Maalouf est devenu un artiste très demandé. Aussi bien par M que Grand Corps Malade, ou pour la bande originale du film Yves Saint Laurent. «Tout ça, pour moi, c’est la même chose. Je n’aime pas le terme de «projet» qui sous-entend que chaque chose est cloisonnée. Moi, je m’exprime en musique, c’est tout.»
Le succès venant, on lui propose souvent d’être un peu le trompettiste de service sur tel ou tel disque. «Aujourd’hui, j’estime avoir fait mes preuves en tant que compositeur et ça me frustre de ne participer qu’à minima aux choses que l’on me propose. Maintenant, j’ose dire que je veux composer, apporter ma touche.»