Pharrell Williams, nouveau roi de la pop mondiale
MUSIQUE – Le producteur et chanteur sort un deuxième album qui vient consacrer dix ans de carrière exemplaires...Benjamin Chapon et Annabelle Laurent
L’été dernier, les «Ouh» et les «Everybody Get Up» de Pharell Williams en «backing vocals» agrémentaient déjà le tube «Blurred Lines» de Robin Thicke. Ensuite, il y eut «Get Lucky», tube intersidéral de Daft Punk, co-écrit et interprété par Pharrell. Et enfin, depuis plusieurs semaines, il est impossible de passer à côté de la mélodie, et du clip, de «Happy», autoproclamée «chanson de la joie».
Justin Timberlake, Alicia Keys et Daft Punk s’invitent sur l’album mais Pharrell Williams s’est réservé les meilleurs titres pour des prestations solos avec «Hunter», «Gush» et «Lost Queen», notamment. Pourtant, il affirme qu’il ne voulait pas faire cet album. «Les patrons de Columbia m’ont dit «on sait que tu ne veux pas faire d’album solo mais on sait aussi que tu vas changer d’avis et on veut être de ceux qui vont te faire changer d’avis.» Et ils ont mis une offre sur la table… J’ai été tellement touché d’être apprécié comme ça que j’ai instantanément dit oui.»
La marque Pharrell
Après dix ans de carrière, «Girl» n’est ainsi que le second album solo d’un artiste qui a très longtemps joué collectif, avec The Neptunes ou N.E.R.D ou en tant que producteur des plus grandes pop stars des années 2000, dont Britney Spears et Justin Timberlake.
A 40 ans, Pharrell Williams est loin d’être un débutant. Homme d’affaire avisé, il a misé sur Apple et de nombreuses start-up en nouvelles technologies. Comme tout artiste américain de ce siècle, il a son propre label, Star Trak, mais aussi plusieurs lignes de vêtements, de chaussures, de skateboards. Il travaille avec la Nasa sur des projets de sponsoring, a investi dans des chaînes de restaurant et a créé une sorte d’académie artistique. Bref, Williams a fait de Pharrell une marque.
Un marteau et un chapeau
C’est dans ce contexte que sort «Girl», étape ultime de l’ascension de Pharrell Williams vers les sommets. Dans l’Olympe des pop stars, Pharrell est un Héphaïstos sexy. Besogneux et inventif, il ne connaît pas le repos. Ni vraiment chanteur, ni très bon rappeur, il travaille tous les styles musicaux.
Capable de récolter plusieurs milliers d’euros en mettant en vente un improbable chapeau arboré dans un clip et aux Grammy Awards, Pharrell Williams avait déjà parfaitement intégré les codes du show-business. Désormais, c’est lui qui les écrit.
Hey mademoiselle…
Le coup de génie marketing de cet album est sans doute de l’avoir intitulé «G I R L» et dédié aux femmes: «J’y expose tout le spectre de mes affinités envers les femmes. Il y a un aspect de moi que les gens ne connaissent pas, c’est mon appréciation profonde des femmes.»
Alors que la tendance est un grand dénudement des femmes dans la plupart des clips des pop stars (tendance à laquelle il a participé avec «Blurred Lines»), Pharrell Williams prend la tendance à contre-pied avec un album labélisé «féministe», au moins dans l’intention: «Oui j’aime toujours le corps de femmes, c’est l’extérieur, mais c’est important de mettre en valeur l’intérieur, l’importance des femmes dans la société.»
La méthode Patrick Sébastien
Imaginant un futur où les femmes auront enfin le pouvoir, Pharrell imagine que «l’histoire va changer et moi je veux être du bon côté de l’histoire. Imaginez un monde où les talk show du soir sont animés par des femmes, un monde où 75% des leaders présidents ou premiers ministres sont des femmes, ce serait un monde différent, et c’est ce qui va arriver.»
A la manière d'un Michael Jackson, Pharrell Williams prend soin de séduire les hommes et de ménager les femmes. Et inversement. Et bien sûr, il n'oublie pas la règle d'or de la réussite et affirme ne pas se prendre au sérieux. «Le critère pour cet album était qu’il soit festif, que ce soit un album de célébration, pas qu’il soit prise de tête.»