Skip the Use: «On définit notre musique par notre nom maintenant»
MUSIQUE•Le groupe rock sort un nouvel album, «Armageddon», toujours aussi riche mais plus travaillé…Benjamin Chapon
Longtemps considéré avant tout comme «un groupe de scène», Skip the Use sort un nouvel album très travaillé, riche et abouti. Fruit d’une année entière de travail, «Armageddon» démontre l’étendue de la culture musicale du groupe. Bien sûr, les fans de leur son rock à nul autre pareil auront hâte d’entendre tout ça… en live.
Rencontre avec les leaders du quintet, Mat Bastard et Yan Stefani.
C’est encore et toujours difficile de décrire votre musique.
Mat: Notre groupe n’a pas un concept musical facilement définissable. On papillonne entre pas mal de styles, du ska à l’électro ou la pop, avec évidemment une couleur très rock. Du coup, il a fallu du temps pour qu’on se fasse connaître. Avant de jouer la première fois aux Victoires de la musique, on avait du mal à dire, tout simplement, qu’on existait.
Yan: On définit notre musique par notre nom maintenant. On fait du Skip the Use. On ne dit pas ça pour être prétentieux, mais juste parce que c’est plus simple.
Mat: Ce qu’on donne à écouter, c’est nous, tout simplement. On ne triche pas, .
Et entre vous, comment parlez-vous de la musique que vous voulez faire?
Mat: On n’a pas besoin de beaucoup parler grâce à notre méthode de travail. Mat et moi, on se connaît depuis des années. On compose chacun de notre côté, dans nos studios respectifs, et on se fait écouter nos trucs quand on en est content. A partir de ça, on fabrique les morceaux.
Yan: On a très vite compris que composer à cinq dans un studio, ce n’était pas possible. Notre méthode est rendue possible parce qu’on sait d’avance où on va. Même quand on est dans nos studios respectifs, on reste connectés, on s’envoie nos sons.
Mat: C’est difficile de parler de musique avec des mots. Quand je dis que je veux un truc «plus rock», ça peut vouloir dire plein de choses. On n’a pas la même formation musicale, les mêmes références.
Mais comment faites-vous alors pour garder un son relativement homogène?
Mat: J’ai une culture plutôt punk alors que Yan est pas mal branché groove et métal. Au fil des années, on a fait des pas l’un vers l’autre, au niveau de nos références. Moi, j’ai bossé comme un fou ma culture pop. Et lui s’est pas mal mis au punk. Du coup, au final, ça s’équilibre.
Vous vous êtes défini une ligne avant de débuter la composition de l’album?
Yan: Oui, on avait une ligne directrice mais on en est sortis au bout de deux jours. On a pris les morceaux les uns après les autres.
Mat: Et surtout, on a fait beaucoup plus de morceaux que ce qu’il y a sur l’album. C’est ça qui nous a permis de construire un disque qui nous plaît vraiment de A à Z.
Et ça marche plutôt très bien, vous êtes devenu un groupe majeur du rock français.
Mat: Ça nous fait doublement plaisir. D’abord pour nous, évidemment, mais aussi pour la scène rock. Si notre succès permet de montrer qu’elle existe, c’est super.
A quel moment les trois autres membres du groupe interviennent-ils dans la composition?
Yan: Pas avant que les morceaux ne soient vraiment prêts. Ils arrivent quand il faut préparer le live en fait.
Ils ne sont pas trop frustrés?
Yan: Pour Skip the Use, le travail de composition se fait à deux. Les choses étaient claires dès le début. C’est plus sain.
Mat: On est tous des supers potes et ce sont tous des supers musiciens. Les avoir avec nous libère notre créativité. On sait qu’ils assureront au moment de jouer les morceaux tarés qu’on a écrits.