Nix : « En flamand, Kinky et Cosy ne sont pas si trash »
Interview de Nix, auteur de BDRecueilli par Olivier Mimran
Nix - Auteur de bandes dessinées.
Comment vous est venue l'idée des jumelles, héroïnes de vos BD ?
Je suis du signe astrologique des Gémeaux et j'ai deux soeurs. Ce doit être l'explication... Des filles, c'est quand même plus intéressant : la féminité est synonyme d'élégance, mais aussi de complications. Et j'adore les choses compliquées quand il s'agit d'écrire des histoires pour mes BD.
Comment le côté trash de Kinky et Cosy est-il perçu en Belgique ?
Cette étiquette n'est apparue qu'avec la version française. Kinky & Cosy ont d'abord été publiées dans de grands journaux belges et hollandais, mais jamais personne n'a trouvé les filles « trash » ou provocatrices. Elles sont même les mascottes du Commissariat des droits des enfants, une organisation gouvernementale en Flandre ! La nuance doit être culturelle...
Comment êtes-vous devenu auteur de BD ?
Petit, j'étais une tête en maths et mon entourage m'a poussé à suivre des études scientifiques. Et puis j'ai commencé une carrière dans les télécommunications. Mais un soir, j'ai reçu un coup de fil du grand journal belge De Standaard qui voulait publier mes dessins de presse. Ils avaient vu mon travail dans des fanzines et journaux d'étudiants pour lesquels j'avais bossé. Ce coup de fil m'a fait changer de voie.
Quelles sont vos références ?
En Flandre, on apprend très vite l'anglais et le français, car beaucoup de choses ne sont jamais traduites. A 14 ans, j'avais donc quelques références qui m'ont irrémédiablement marqué : je pense à Gotlib en France, aux Monthy Pythons en Angleterre, à Kamagurka et Urbanus chez nous, et Van Kooten & De Bie en Hollande. Ils étaient mes héros, et j'étais complètement accro à leur travail. Pendant ce temps, mes camarades de classe rigolaient beaucoup moins en écoutant Duran Duran.
En tant que Flamand, que pensez-vous de l'humour des Wallons quand ils annoncent la sécession de la Flandre ?
L'émission de la RTBF était vraiment une mauvaise caricature. Je n'ai même pas rigolé.
Qu'apporte le fait d'enseigner la BD ?
Ça permet de donner des fausses informations à des concurrents potentiels afin de les orienter vers une autre voie professionnelle... Ingénieur civil, par exemple [rires]. Non, en vérité c'est un laboratoire que j'aime comparer à un studio de musique car la BD a un côté très rock'n'roll. Avec Johan De Moor, on discute avec les étudiants, on dessine, on fait parfois les comédiens pour vérifier si un scénario fonctionne ou pas. J'apprends moi-même beaucoup et le fait d'enseigner me rend encore plus critique sur mon propre travail.
Qu'attendez-vous de la prépublication dans 20 Minutes ?
A la base, un strip est fait pour être publié dans un journal. Les livres qui viennent après sont sympas, mais je préfère la prépublication. Et je suis heureux que Kinky & Cosy puissent être découvertes par le plus grand nombre grâce à 20 Minutes.