Jacques Higelin : «Je pensais à toutes les femmes que j'ai aimées»

Jacques Higelin : «Je pensais à toutes les femmes que j'ai aimées»

Interview du chanteur à l'occasion de la sortie de son dernier album, "Amor Dolorose"
©2006 20 minutes

©2006 20 minutes

Interview du chanteur à l'occasion de la sortie de son dernier album, "Amor Dolorose".

Pourquoi avoir attendu huit ans pour ce nouvel album, "Amor Doloroso" ?

J'ai donné beaucoup de concerts, j'ai beaucoup voyagé. Ensuite, il y a eu un arrêt avec ma maison de disques quand elle a viré les ouvriers de la poésie. Ça m'a rendu ma liberté, j'étais content. A un moment, je me suis quand même dit : « S'ils t'ont viré c'est peut-être que tout le monde te considère comme rien. » Mais finalement je m'en foutais car ce qui compte c'est l'avis du public.

Le désir semble être le maître mot de ce disque...

C'est une réflexion sur l'amour et ses pulsions : frustration, douleur, bonheur, éclatement, sérénité... En l'écrivant, je pensais à toutes les femmes que j'ai aimées, que j'aime ou que j'aimerai.

Est-ce que vous privilégiez un style d'écriture ?

Non, ce qui est bien écrit sonne. J'écris jusqu'à ce que ça balance, que ça groove, car pour moi c'est jouissif de chanter.

Sur le titre "Crocodail", vous dénoncez la déshumanisation de la société. Peut-on parler de chanson engagée ?

Engagé par qui ? Par quoi ? Par personne. Je n'ai ni Dieu, ni maître, ni idéologie et je ne suis pas un donneur de leçons.

Vous « voyagez au pays des nuages », mais êtes-vous un homme libre ?

Je suis d'abord un homme qui rêve, c'est ça pour moi la liberté.

On parle de vous comme d'« un maître de la chanson française »...

Ça pourrait être acceptable dans le sens « artisan ». Des jeunes artistes m'ont dit que j'avais énormément compté dans leur envie de faire de la musique. Mais eux aussi, ce sont mes « maîtres » des fois, je les écoute et je me dis : « Eh ! C'est génial »...

Recueilli par Ingrid Pohu

Entre coups de foudre et coups de sang, Higelin accouche d'un disque intimiste, tout en nuances. Soit un chapelet de onze chansons mêlant réalisme, poésie et merveilleux. Un album au charme artisanal qui fouette et caresse l'oreille. Bref, du beau, du bon, du très grand Higelin.