Rock en Seine: Comment fait le festival pour décrocher ses têtes d'affiche imposantes?
MUSIQUE•Le fondateur et programmateur du festival, François Missonnier, raconte à «20 Minutes» comment il parvient à faire venir chaque année des artistes de renom comme les Foo Fighters, Radiohead, Green Day ou System of a Down...Anaëlle Grondin
S’il y a une prestation que le créateur du festival Rock en Seine n’est pas prêt d’oublier, c’est celle donnée par Arcade Fire en 2010. «Ils ont dû interrompre le concert à cause de la pluie. Mais sont revenus sur scène pour chanter "Wake up" en acoustique devant 30.000 personnes. C’était incroyable», s’émerveille François Missonnier. Et comment oublier le moment de grâce passé en compagnie de Radiohead quatre ans auparavant? Chaque année, Rock en Seine parvient à s’offrir des artistes de renommée internationale. Et «c’est toute une organisation» pour avoir le privilège d’accueillir ces têtes d’affiche sur la plus grande scène du festival, dont le budget s’élève à 6,5 millions d’euros.
«J’ai deux associés, Christophe Davy et Salomon Hazot, qui sont producteurs de spectacles. Ils sont en contact régulier avec les agents qui représentent les groupes comme Green Day, System of a Down, Nine Inch Nails.» Après, «c’est un travail de conviction». Contrairement à ce que l’on pourrait penser, «il n’y a pas que les arguments financiers», assure Missonnier. «Il y a aussi le sérieux, l’intérêt, la qualité de l’organisation».
Bouche à oreille
«Les artistes vont aimer tel ou tel type d’accueil, telle ambiance, et la nourriture servie. C’est souvent ce qu’ils retiennent d’un festival», rigole-t-il avant de se rappeler une anecdote: «L’an dernier un groupe avait son cuisinier attitré avec un dispositif pour faire des omelettes, parce qu’ils adoraient ça, mais faites d’une certaine manière.» François Missonnier a également eu affaire à un groupe qui ne jurait que par les pizzas. Ah, ces rock stars… «On s’adapte!»
Mais c’est surtout le bouche à oreille qui compte. «Rock en Seine est connu comme étant un festival majeur de rock international», se réjouit son fondateur. «La France reste un territoire important pour les artistes, et ceux qui en reviennent en disent du bien». Désormais, les agents viennent vers lui, et non seulement l’inverse. «Après chacune des éditions, ils nous disent "l’an prochain, tel groupe est dispo, ça vous intéresse?"»
Pas de tournée, pas de festival
Le plus compliqué à gérer pour faire venir un grand nom? Les dates. L’an dernier, le fondateur de Rock en Seine a par exemple su très tard que les Black Keys étaient disponibles à la fin de l’été.
Oui mais… en même temps, un artiste doit forcément être en tournée pour que Rock en Seine puisse l’inviter. «Organiser un concert, ce n’est pas juste mettre des gens devant un micro. C’est prévoir une déco, un jeu de lumières, de la vidéo, un spectacle extrêmement lourd, avec une équipe qui peut représenter 30 ou 100 personnes. Personne ne fait tout ça pour UN festival.»
Daft Punk et les Strokes pour les éditions à venir?
Malheureusement pour le programmateur, le grand retour de David Bowie cette année ne s’accompagne d’aucune prestation scénique. «David Bowie, ce serait pour moi le rêve ultime». En attendant, il a d’autres noms en tête. Il attend avec impatience le retour de Daft Punk sur scène. Il pense aussi aux Strokes. «On va les faire venir, c’est obligatoire». Et tant pis si les relations entre les membres de la formation new-yorkaise sont houleuses.
Même s’il garde un très mauvais souvenir du jour où Oasis s’est séparé pendant son festival, François Missonnier ne se demande jamais si le groupe qu’il invite risque de faire des vagues. «C’était quand même exceptionnel… Mais je serais assez d’accord pour que ça ne se reproduise plus!»