Keen’V: «Les gens qui se moquent de moi parce que je fais une musique populaire, je trouve ça triste pour eux»
•MUSIQUE – Le chanteur aux succès commerciaux colossaux est paradoxalement peu médiatisé…Benjamin Chapon
D’après un récent rapport de la Sacem, Keen'V est l’un des auteurs-compositeurs français à avoir généré les plus de droits. Ce qui signifie que ses chansons sont à la fois les plus vendues et les plus écoutées dans les lieux publics comme les discothèques.
Pour autant, l’auteur de tubes comme «Mademoiselle Valérie» est globalement absent des médias. S’il a participé à l’émission «Splash» sur TF1, c’était «juste pour le kiff, pas pour la promo.»
Ses vidéos virales et ses morceaux ragga entraînants n’ont, de fait, pas besoin de coup de pouce promotionnel pour être en tête des chansons stars de l’été.
J’ai cherché d’anciennes interviews de vous pour préparer celle-ci. Je n’en ai pas trouvé beaucoup…
C’est vrai, mais je ne suis pas du genre à refuser les interviews. On ne m’en propose tout simplement pas.
Comment l’expliquez-vous ?
Je ne me prends pas la tête avec ça mais c’est vrai que les médias préfèrent parler des chanteurs français un peu intellos que de ma musique. Je trouve ça révélateur d’un certain snobisme parisien.
Vous ne vivez pas à Paris.
Non et je ne quitterai ma campagne pour rien au monde. J’ai besoin d’un cadre vie sain et tranquille pour compenser le sorties en club et les tournées. A Paris je sens une sale odeur et une sale mentalité.
Mais les médias non parisiens non plus ne s’intéressent pas à vous…
Oui, c’est comme si les gens qui s’amusent et les chanteurs qui chantent des choses positives et dansantes ne méritaient pas l’attention des médias.
Ben nous, on s’intéresse à vous là.
Franchement ça m’a surpris (rires).
Le chat que vous avez fait à la rédaction a été celui qui a suscité le plus de questions des internautes.
C’est cool. Je crois que pas mal de gens sont curieux justement parce que je ne donne pas souvent d’interview.
Oui, on sait peu de choses sur vous. Comment avez-vous commencé la musique?
J’ai appris tout seul. J’ai des goûts très éclectiques. Je faisais l’animateur puis le DJ dans des boîtes puis petit à petit j’ai construit mon truc. Je viens du monde du clubbing et j’adore vraiment le ragga, c’est sûr. Mais il n’y a pas que ça.
Votre fiche Wikipédia prétend que vous avez appris la guitare en vous enfermant plusieurs jours avec des disques de Nick Drake.
C’est des conneries. Déjà, je ne joue pas de guitare et je ne connais pas Nick Drake.
C’est un chanteur folk mythique. C’est un plaisantin qui a mis ça sur Wikipédia alors ?
Sans doute.
Il y a pas mal de monde qui se moque de vos textes et de vos clips.
Je m’en fous complètement. Je sais pourquoi je fais ce que je fais. Les gens qui se moquent de moi parce que je fais une musique populaire, franchement je trouve ça triste pour eux. Ceux qui prennent mes clips au premier degré, ça m’embête un peu plus. Manquer d’humour c’est manquer d’intelligence.
Vous avez des goûts musicaux assez larges et peu exploités dans vos albums.
Pas tant que ça. Je mets du rock dans mes albums par exemple. Après, c’est sûr que je privilégie le son qui marche bien en club et les paroles qui font kiffer les gens.
Vous ne voudriez pas faire des chansons plus personnelles quitte à ce que ça marche moins?
Non, je ne vois pas l’intérêt. Je fais les choses à ma manière, sans suivre les conseils de marketing et tout ça. Et ça marche. Tant mieux.
Vous travaillez beaucoup vos morceaux ?
L’écriture des paroles, parfois, c’est la galère, ça peut me prendre du temps pour trouver la phrase juste, que les gens vont bien retenir, qui claque bien. La simplicité apparente, ça demande du boulot.
Et pour la musique ?
Alors là c’est le plaisir avant tout. Pour moi, ce n’est pas du boulot. Je répète tout le temps, je joue tout le temps parce que j’adore ça. Du coup, les albums sont prêts assez vite.
Vous n’avez pas peur de vous épuiser, de ne plus avoir d’inspiration ?
Peut-être. Je crois qu’on perd l’inspiration quand on se pose trop de questions qu’on est dans le calcul. Moi, je ne calcule pas.
Vous pensez arrêter la musique un jour?
J’arrêterai la musique quand ça ne me procurera plus de plaisir ou que les gens se seront lassés de moi. Je ne conçois pas de faire de la musique que pour moi et mes potes. Il faut que ça fasse kiffer les gens, c’est tout.