Spirou: Un âge canonique, mais pas une ride
BD•Le groom le plus célèbre de la bande dessinée franco-belge fête ses 75 ans...Olivier Mimran
«On n’a pas tous les jours septante-cinq ans!» est le leitmotiv des éditions Dupuis depuis le début de l’année. Normal, puisque Spirou, leur héros-vedette, fête ses trois quarts de siècle en 2013. Et oui: comme Superman, son homologue américain, le groom du Moustic hôtel a fait sa première apparition en 1938, sous le pinceau du français Rob-Vel, et régalé de ses aventures quatre générations de lecteurs! Son anniversaire justifie donc les nombreuses manifestations organisées, depuis six mois, en Belgique et en France (détail sur spirou.com) et qui s’achèvent avec Spirou: un héros dynamique, une exposition exceptionnelle présentées au Musée de la BD d’Angoulême.
«Spirou est un des rares héros de la BD franco-belge "à l’américaine"»
Spirou par Yoann / DR éd. Dupuis + Yoann & Vehlmann
Comment s’explique la belle longévité d’un personnage considéré comme appartenant à la «BD à papa»? «D’abord par sa popularité car Spirou, c’est l’autre grand héros de la tradition franco-belge», nous confie Jean-Pierre Mercier, commissaire de l’exposition; «Mais aussi parce qu’il est passé entre les mains de génies graphiques -comme Jijé et Franquin- qui ont créé une esthétique basée sur l’élégance, le dynamisme et la lisibilité». Le style «école de Marcinelle» (du nom de la ville où se trouve la rédaction du journal Spirou, fondé lui aussi en 1938) aurait donc autant marqué les esprits que celui de la «ligne claire» initié par Hergé et Jacobs.
Selon Gilles Ciment, Directeur général de la Cité Internationale de la BD et de l’image d’Angoulême, «C’est en partie dû au fait que Spirou est un des rares héros de la BD franco-belge "à l’américaine" en ce qu’il appartient, comme Superman, à son éditeur et non à ses créateurs. Du coup, il a été dessiné par de multiples auteurs qui l’ont fait évoluer et lui ont permis de s’adapter à l’air du temps tout en préservant sa singularité». Une variété qui, «au-delà des constantes du personnage, propose aux lecteurs un apprentissage inconscient des notions d’auteurs et de styles». Comme quoi, même à 75 ans, un garçon d’ascenseur peut aussi nous élever intellectuellement.
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