Cléo Le Tan sait qu’on ne choisit pas sa famille

Cléo Le Tan sait qu’on ne choisit pas sa famille

LIVRE – Son père et sa sœur sont connus dans les milieux de l’art et de la mode. L’histoire de sa famille, que Cléo Le Tan raconte dans un roman quasi-autobiographique, cache autant d'amour que de haine…
Sarah Gandillot

Sarah Gandillot

Ce roman, Une famille (Grasset, 15,90 euros), Cléo Le Tan l'a débuté il y a dix ans. Aujourd'hui âgée de 28 ans, elle s'autorise enfin à le sortir. «Sans doute parce que ce que je raconte est désormais du passé, confie-t-elle à 20 Minutes. Au moment où je l'ai écrit, il fallait que ça sorte». Oui, que ça sorte. Car sous ses airs innocents, ce roman qui raconte l'histoire de sa famille, cache autant d'amour que de haine.

Cléo Le Tan dépeint une famille bourgeoise et loufoque, attachante et aliénante, violente et dysfonctionnelle. «Comme toutes les familles!», précise-t-elle. Dans son roman, le père s'appelle Michel, la mère Beaule, la sœur Pénélope, le frère Homère et elle, Wilo. Michel est décrit comme un artiste érudit aussi drôle qu'introverti, «d'une douceur presque incongrue». La sœur, Pénélope comme une femme ambitieuse et sensible, séduisante et psychorigide. Derrière ces personnages de fiction, on ne tarde pas à reconnaître le célèbre illustrateur Pierre Le Tan, son père, et sa sœur Olympia Le Tan, dont les minaudières se portent désormais sur red-carpet.

Cléo le Tan ne s'en cache pas et assume sans mal la grande part autobiographique de son roman. «Je trouvais que les membres de ma famille faisaient de bons personnages de romans, car leurs failles sont touchantes. Je les trouve drôles et attachants. J'avais envie et besoin de parler d'eux. Qu'ils soient connus n'entre pas en jeu je crois», ajoute-t-elle. En effet, peu importe de savoir qui ils sont. Ce qui compte c'est le regard subjectif que la narratrice pose sur eux. Et la façon dont elle transforme son histoire en matière littéraire.

Le ton de Cléo Le Tan a quelque chose de déconcertant. Un style naïf, détaché, presque abrupte. Sans effets de style. Ce qui n'enlève rien à la mélancolie et à la violence qui s'en dégage. Car la violence est bien là. Notamment lorsque Cléo Le Tan décrit ses rapports conflictuels avec sa mère. «Ce n'est pas une critique mais ma vision de la façon dont elle m'a éduquée et des souffrances que j'ai pu ressentir», précise-t-elle. Un roman doux amer non dénué de charme.