CULTUREXavier Dolan écrit à Françoise Laborde du CSA à propos du clip polémique d'Indochine

Xavier Dolan écrit à Françoise Laborde du CSA à propos du clip polémique d'Indochine

CULTURELe jeune cinéaste prodige québécois a publié une lettre ouverte sur le Huffington Post...
A.G.

A.G.

«Ces images n'ont pas leur place dans des chaînes consacrées à la musique.» Le 2 mai, Françoise Laborde, membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), s’indignait en découvrant le nouveau clip d’Indochine, «College Boy». La vidéo en question montre un jeune garçon qui reçoit des boulettes de papier de la part de ses camarades de classe avant d’être la cible de coups de revolvers et d’être attaché à une croix.

«Il devrait y avoir au minimum une interdiction aux moins de 16 ans et peut-être aux moins de 18 ans», a estimé Françoise Laborde ce jour-là, confrontée à la violence des images. Xavier Dolan, le cinéaste qui a réalisé le clip, a d’emblée expliqué qu’il ne souhaitait pas choquer, mais «montrer que cette situation est possible parce que rien ne l’empêche». Face à la polémique, le Québécois s’est fendu ce mardi d’une lettre ouverte à Françoise Laborde sur le Huffington Post.

«Votre lecture se limite aux surfaces»

Dans cette lettre, il rappelle que le clip a été produit «non pas dans l'optique d'exploiter la violence de manière superficielle, mais dans celle de fournir à la jeunesse une œuvre à la fois réaliste et poétique, et qui puisse illustrer de manière graphique la brutalité dont ils sont à tour à tour les dépositaires, instigateurs, ou témoins.» Françoise Laborde avait déclaré la semaine dernière qu’on ne «dénon[çait] pas la violence en montrant la violence». Ce à quoi Xavier Dolan répond: «Comment la dénonce-t-on sinon par la démonstration par l'absurde?».

Avant d’attaquer la journaliste: «Censurer mon travail parce qu'il est violent fait montre d'une grande incompréhension de l'essence du vidéoclip, dont votre lecture se limite aux surfaces, mais plus largement de votre incompréhension du contexte social dans lequel vous œuvrez.» Pour le cinéaste, Françoise Laborde arrive «à table pour le débat sur la légitimation de la violence à l'écran avec environ trente-cinq ans de retard».

«Scandale imaginaire»

«Qu'en est-il de tous ces films qui prennent l'affiche chaque vendredi et qui banalisent le geste violent depuis les quatre dernières décennies?, demande-t-il. Et qu'en est-il de tous ces vidéoclips issus de la culture nord-américaine du hip-hop?» Xavier Dolan se souvient que «tout le monde était scandalisé quand le clip "Baby One More Time" de Britney Spears est sorti en 1999». Il ironise: «Je le revois aujourd'hui et suis persuadé que l'adolescent lambda se demanderait pourquoi Britney Spears porte autant de vêtements.»

Xavier Dolan est persuadé que ses «seuls véritables détracteurs sont les bureaux de censure et les chaînes de télédiffusion». «Depuis le 2 mai dernier, jour de sortie du vidéoclip, des dizaines de milliers de commentaires lisibles sur les réseaux sociaux attestent d'un accueil plus que favorable par les médias et le public (...) Le vidéoclip est numéro un des ventes sur iTunes dans sa catégorie», fait-il valoir. Il finit par rappeler ses intentions avec «College Boy»: «Jamais il ne fut question de choquer volontairement, ou de provoquer un coup de marketing -dont ni Indochine ni moi n'avons besoin, soyons francs- ce que par ailleurs vous avez fait de votre propre chef en créant ce scandale imaginaire.»