Daniel Darc est mort trop tôt pour les jeunes oreilles

Daniel Darc est mort trop tôt pour les jeunes oreilles

MUSIQUE – Depuis son décès jeudi soir, les disques de Daniel Darc s’arrachent…
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

Le chanteur Daniel Darc a été retrouvé mort chez lui jeudi soir, il avait 53 ans. Conséquence immédiate, sur iTunes, ses albums et certains de ses tubes avec le groupe Taxi Girl ont squatté le top 30 tout le week-end. Phénomène encore plus flagrant sur Amazon.com, les albums «La Taille de mon âme», «Crève cœur» et «Amour suprême» étaient samedi et dimanche dans le top 10. Mieux que le poussin Piou et One Direction réunis! Et si vous voulez vous procurez certains albums rares, notamment son best-of, il faut débourser plus de 50 euros.

Le phénomène n’est pas neuf et avait déjà été observé après les décès de Michael Jackson et Amy Winehouse. Mais avec un chanteur comme Daniel Darc, pas franchement une pop star et pas particulièrement connu du grand public, il est plus étonnant.

Non pas Mireille Darc, Daniel…
Dès jeudi soir, les hommages se sont succédés, notamment sur Twitter. Mais sur les trottoirs du boulevard Rochechouart, à Paris, où plusieurs centaines de personnes patientent devant les nombreuses salles de concert, l’information est diversement appréhendée. La chanson «Cherchez le garçon» évoque bien un petit quelque chose mais il n’en apparaît pas moins que Daniel Darc souffrait d’un déficit de notoriété en comparaison de son influence dans le milieu de la musique. Le chanteur Lescop, qui a sorti un premier album très influencé par Taxi Girl et la new-wave française, expliquait : «Cette scène post-punk incarne à la fois quelque chose de très moderne et de très ringard. Certains, comme moi, ont été marqué par des artistes comme Daniel Darc parce qu’il a osé écrire en français, une musique violente et poétique, sans compromis. Mais le décorum new wave cache un peu ça aux oreilles de certains, notamment les plus jeunes.» De fait, Daniel Darc est largement mieux connu de ceux qui ont connu la new wave des années 1980 et le Palace ou le Rose Bonbon au temps de leur splendeur

Postérité Darc
Mais cet argument générationnel ne tient qu’en partie. Quand on observe les réactions au décès de Daniel Darc, plusieurs jeunes artistes comme Alizée ou le groupe Mustang font partie des personnes les plus sincèrement touchées.

« "Hier nevermoreMais hier a tortAujourd'hui vois-tuC'est jamais plus" Merci Daniel Darc de m'avoir donné la... fb.me/LlaTjDF3 — Alizée Officiel (@mellealizee) 28 février 2013 »

Le chanteur a connu une forme de résurrection dans les années 2000 en composant pour de jeunes artistes comme Cali. Le personnage Daniel Darc a par ailleurs de quoi séduire une jeunesse néo-gothique: ex-toxicomane, capable d’outrances morbides dans sa jeunesse, et devenu une sorte de poète revenu du punk, ex-rock’n’roll hero assagi mais pas guéri de sa noire mélancolie. Le destin de comète sombre de Daniel Darc pourrait en faire une icône posthume pour une jeunesse qui redécouvre la new wave. «Il y a tout un tas de jeunes groupes comme La Femme ou Bengale s’inspirent de près ou de loin de la très féconde période des années 1980 où des artistes poètes chantaient sur des musiques pop électroniques, raconte Romain, du groupe Aline. Nécessairement, le grand public finira par rejoindre cette tendance, pas parce que c’est une tendance mais parce que c’est là que réside la beauté et la créativité aujourd’hui.» Ce jour-là, on se souviendra de Daniel Darc.