MUSIQUEAsaf Avidan: «J’ai trouvé le chant pour soulager ma peine»

Asaf Avidan: «J’ai trouvé le chant pour soulager ma peine»

MUSIQUELe chanteur israélien Asaf Avidan sort son nouvel album, «Different Pulses». Une voix bouleversante…
Propos recueillis par Benjamin Chapon

Propos recueillis par Benjamin Chapon

Le chanteur israélien Asaf Avidan sort Different Pulses, un nouvel album plus intime et aussi plus étonnant musicalement. Loin du folk sentimental de ses débuts, il s’aventure vers des ambiances électro, orientales et rock, toujours servies par sa voix aiguë et bouleversante.

Vous avez beaucoup de succès en France. Quel rapport entretenez-vous avec ce pays?
C’est difficile de répondre à ça. Je vis la plupart du temps dans des hôtels. Longtemps, j’ai cru que peu importait le lieu d’où on venait, je ne crois pas dans la notion de patrie ou de territoire.

Est-ce une opinion largement partagée en Israël?
Ha ha, non, pas vraiment. Mais j’ai changé d’avis récemment. Je me suis fait construire une maison, j’y ai investi beaucoup d’argent et de temps, j’ai fait beaucoup de travaux moi-même. Et j’aime savoir que là-bas, face à la mer, j’ai un endroit où je peux me sentir chez moi.

Tel-Aviv a l’air d’un endroit privilégié pour les musiciens, toutes sortes d’influences musicales, orientales et occidentales s’y croisent.
C’est exactement ça, c’est un endroit privilégié dans tous les sens du terme. Le risque quand on vit là-bas est de se déconnecter de la réalité du monde qui nous entoure. Surtout le monde proche de nous… Mais je ne veux pas parler politique, tout le monde me parle de la politique israélienne ici en France. Mon opinion ne vaut pas plus que celle de n’importe qui.

Alors parlons de vous. Vous vous êtes mis à la musique très tard…
Oui, j’avais vécu une rupture très douloureuse et j’ai trouvé le chant et l’écriture de chansons pour soulager ma peine.

Comme vous continuez, six ans après, c’est que vous êtes encore malheureux?
Oh, non je ne suis pas malheureux. Mais pas complètement… accompli, non plus. Je suis toujours en quête, en mouvement. Je sais que je ne serai jamais complètement heureux mais batailler pour essayer de l’être me convient. Je sais que la guerre est perdue mais je mène tout de même le combat.

Le succès ne vous a pas aidé?
Oui et non. Le succès apporte une satisfaction personnelle qui se transforme vite en épouvantable mépris de soi, parce qu’on se rend compte de l’égocentrisme qui vous y à mené. C’est compliqué à vivre. Bon, on peut parler musique plutôt? (rires)

Mais c’est vous qui parlez d’amour et de philosophie dans vos textes?
C’est vrai. Mais l’écriture a une place spéciale dans ma vie, un moment solitaire, souvent assez court, comme une bulle. Mon vrai métier, ce qui me prend du temps, de l’énergie et demande de l’organisation, c’est mettre ces mots en musique, trouver des arrangements, des musiciens, faire que tout ça sonne sur scène.

Justement, qu’est-ce qui a changé depuis que vous avez quitté le groupe qui vous accompagnait, The Mojos?
La liberté sans doute. Les Mojos étaient comme mes frères et j’avais du mal à leur imposer ma vision de la musique, là où je voulais aller. Je les respectais trop pour ne pas les écouter. Quand j’ai voulu sortir d’un certain cliché rock et expérimenter des sonorités nouvelles, des atmosphères plus variées, être seul m’a aidé.

Le titre de l’album «Different Pulses» fait référence à ces différentes pulsations musicales que vous vouliez?
Oui, et aussi aux pulsations que je ressens sur scène.

C’est-à-dire?
Sur scène, je ferme les yeux presque tout le temps. Ça ne veut pas dire que je ne ressens pas la présence du public. Au contraire, en me recentrant sur mon émotion, j’éprouve mieux le transfert d’énergie avec le public, je ressens leurs pulsations en me concentrant sur la mienne. Tout le défi, en musique comme dans la vie, c’est ça : essayer d’accorder nos pulsations. On n’y arrivera pas mais essayer encore et encore donne du sens et de la beauté à nos vies.

Le clip du single Different Pulses :



Le superbe morceau Cyclamen: