CULTUREEnki Bilal, chasseur de fantômes

Enki Bilal, chasseur de fantômes

CULTUREJusqu'au 18 mars, Enki Bilal investit le musée du Louvre avec l'exposition temporaire «Les fantômes du Louvre»...
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

Le 20 décembre, un auteur de BD a fait son entrée au Louvre. Une première. Un an et demi plus tôt, Enki Bilal recevait une «carte blanche» du président-directeur du Louvre Henri Loyrette. Et un privilège ultime: parcourir les galeries du musée le mardi, quand tout est désert et que l'on n'entend plus que le parquet craquer. C'est là qu'ils lui sont apparus, les fantômes du Louvre. «J'ai pris 400 photos, puis j'ai voulu les peindre et ce sont des visages que j'ai vus. Tout a été très instinctif», raconte le dessinateur de BD.

Une pointe d'humour

Le regard tourmenté, le visage couleur de craie, le spectre d'Antonio di Aquila vient briser la tranquillité de La Joconde. Il y a aussi Lantelme Fouache ou William Tümpeldt, compagnons disparus de la Jeune orpheline au cimetière de Delacroix et du Bœuf écorché de Rembrandt. Tous sont morts du jour au lendemain, fauchés par une diligence, coupés en morceaux… En fait-diversier improvisé, Enki Bilal s'est amusé à raconter leurs fins tragiques au travers des vingt-trois biographies, mi-romanesques, mi-lapidaires comme des fiches de police, qui légendent les toiles. Avec toujours cette pointe d'humour pour nous rappeler que oui, tout est bien faux, inventé de toutes pièces. Même si «certains y croient», se réjouit Bilal avec malice. Ce qui l'intéresse dans les faits divers? «Ils nous ramènent à la fragilité de la vie. Et en fin de compte, ceux d'hier sont aussi ceux d'aujourd'hui.» Entre passé et futur, comme Bilal lui-même, qui délaisse ses vaisseaux pour une plongée dans l'histoire.