MUSIQUERevenus collectés par la Sacem: Le numérique en hausse

Revenus collectés par la Sacem: Le numérique en hausse

MUSIQUELe numérique est désormais le 3e secteur de revenus collectés par la Sacem. C'est pour son directeur le signe d'«une vraie stratégie numérique», mais celle-ci va de pair avec des menaces...
Annabelle Laurent, à Cannes

Annabelle Laurent, à Cannes

De notre envoyée spéciale à Cannes

Avec 108,7 millions d’euros, le numérique représente désormais 14% des revenus collectés par la Sacem, l’organisme qui gère les droits des auteurs et des compositeurs, a annoncé ce dimanche dans le cadre du Midem son directeur général Jean-Noël Tronc. La part du numérique dans les recettes de la Sacem a augmenté de 5% en un an, et de 40% en cinq ans. Cette progression du numérique permet de limiter une baisse de 1,9% du total des revenus collectés par la Sacem en 2012, avec 803,5 millions contre 819,4 collectés en 2011.

«Plus 5%, c’est considérable», commente le directeur général, qui précise toutefois que ces 14% sont issus d’un nouveau calcul. La copie privée est prise en compte pour la première année dans les revenus du numérique. «On ne le faisait pas avant. Pourtant ceux qui doivent s’acquitter de la copie privée sont des acteurs du numérique. Ce sont des fabricants comme Apple, même si justement Apple se refuse toujours à payer les 12 millions d’euros qu’il doit aux créateurs en France!». Comptée jusqu’à 2011 dans le secteur de l’audiovisuel, l’ADSL a également été prise en compte, puisque «Orange, Free, ce sont surtout des acteurs du numérique! Ca n’a rien à voir avec TF1», assure Jean-Noël Tronc. Les revenus collectés via l’ADSL et la copie privée s’ajoutent donc à ceux issus des contrats de la Sacem avec les plateformes de diffusion de musique sur Internet, telles qu’iTunes, YouTube ou Spotify.

Une bonne nouvelle?

«Cette part grandissante du numérique montre d’abord que, contrairement à ce que certains croient, nous avons une vraie stratégie numérique!», estime Jean-Noël Tronc. La stratégie ne se met pas en place sans heurts. «C’est aussi synonyme de menaces. Sur Internet, nous avons des négociations difficiles, comme récemment avec YouTube. Sur la copie privée, nous devons faire face à une campagne de deux ou trois syndicats qui veulent faire sauter le système», affirme le directeur. «Ils sont difficiles, mais ce sont des combats qu’il faut mener pour préserver des sources de revenus pour les auteurs de notre pays», conclut-il en insistant pour comparer la Sacem à une «coopérative», une «entreprise privée de la musique qui collecte les droits d’auteurs et les répartit», là où beaucoup la considèrent «comme une sorte de collecteur d’impôts», regrette-t-il.

Outre la progression du numérique, la seconde tendance forte de ces estimations 2012 est l'inversion des deux premiers secteurs de revenus. Les droits généraux (concerts, discothèques, musique de sonorisation…) deviennent premiers, à 273,3 millions, devant les médias audiovisuels qui accusent eux une baisse de 7% à 269,2 millions. Présente au Midem ce dimanche, la ministre de la Culture Aurélie Filipetti a annoncé à ce sujet qu'elle proposerait sous peu au nouveau président du CSA une concertation pour aborder le problème de la sous-exposition de la musique à la télévision.