BD : «Les Tuniques bleues» repartent à l'assaut
Le cinquantième tome des aventures humoristiques des deux soldats nordistes sort cette semaine©2006 20 minutes
Parmi les rares séries BD « au long cours », Les Tuniques bleues tiennent le haut du pavé. Créé en 1968 par le scénariste Raoul Cauvin et le dessinateur Louis Salvérius (disparu en 1972 et remplacé depuis par Willy Lambil), ce western humoristique 100 % belge met en scène deux soldats nordistes durant la guerre de Sécession : le caporal Chesterfield, un modèle de rectitude militaire, et le sergent Blutch, frondeur, pacifiste... et râleur de première !
Cet aspect « politiquement incorrect » aurait parfois nui aux Tuniques bleues, si l'on en croit Willy Lambil : « Nous avons souvent été boudés par la presse française, sans que l'on s'explique pourquoi... ».
Délaissés par les médias peut-être, mais pas par le public : avec des tirages de 180 000 exemplaires et des ventes cumulées totalisant près de quinze millions d'albums en langue française, le titre peut s'enorgueillir d'une belle popularité. Un phénomène que les auteurs expliquent simplement : « Les gamins qui lisaient la série dans Spirou, à sa création, sont devenus parents... Restés fidèles, ils transmettent aujourd'hui Les Tuniques bleues à leurs propres enfants. »
On peut supposer que la série doit également sa longévité à son acuité éditoriale : en s'inspirant de sujets d'actualité, elle traite, sur un mode comique, de thèmes aussi solennels que le racisme, l'intolérance, l'insoumission, la propagande d'état, etc.
D'ailleurs, même si Les Tuniques bleues est une bande dessinée essentiellement animée par des militaires, elle véhicule probablement le message le plus antimilitariste qui soit ! L'autre atout essentiel de la série est son aspect pédagogique évident : les scénarios s'appuient systématiquement sur des faits historiques avérés (certains événements clés de la guerre de Sécession) et intègrent des personnalités tels Abraham Lincoln, les généraux Lee et Grant... Alors à quand l'entrée de Blutch et Chesterfield dans les manuels scolaires ? D'ici là, gageons que nos compères auront conquis, sabre au clair, de nouvelles générations de lecteurs.
Olivier Mimran