En images : Grande gagnante des César, Justine Triet rend hommage à « toutes les femmes »
cérémonie•Judith Godrèche, Justine Triet et Adèle Exarchopoulos ont eu des mots forts dans la soirée marquée par le triomphe du film « Anatomie d’une chute »O.J. avec AFP
La 49e cérémonie des César a accordé vendredi une place inédite aux victimes de violences sexuelles, l’actrice Judith Godrèche rêvant d’une « révolution » en pleine vague de libération de la parole dans le cinéma français. Autre symbole, les César ont décerné pour la deuxième fois de leur histoire le trophée de la meilleure réalisation à une cinéaste, Justine Triet, pour Anatomie d’une chute. Le long-métrage domine le palmarès avec six trophées, dont celui du meilleur film, et prend un nouvel élan avant la cérémonie des Oscars (qui se tiendra le 10 mars à Los Angeles) pour laquelle il compte cinq nominations. Retour sur la soirée en images.
Réalisation : Olivier JUSZCZAK
Milo Machado-Graner, Antoine Reinartz et Sandra Huller, sacrée meilleure actrice. Le trio représente une partie de l’équipe du film Anatomie d’une chute.
L’actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani a posé pour les photographes en arrivant à la cérémonie.
L’acteur français Romain Duris était nommé dans la catégorie « meilleur acteur » pour sa performance dans Le règne animal de Thomas Cailley – un film qui a remporté cinq César (meilleurs costumes, meilleur son, meilleurs effets visuels, meilleure musique originale et meilleure photographie).
Avant la cérémonie, une centaine de personnes a manifesté devant l’Olympia, à l’appel de la CGT, pour soutenir la parole des victimes.
«Tous ensemble, on peut vraiment aider à ce que les choses bougent, un monde vraiment meilleur peut s’ouvrir », a déclaré l’actrice Anna Mouglalis, qui a accusé les réalisateurs Philippe Garrel et Jacques Doillon de l’avoir agressée sexuellement.
Avant l’ouverture des festivités, la ministre de la Culture Rachida Dati a déploré un « aveuglement collectif » qui « a duré des années » dans le milieu. Des propos tenus lors d’un entretien accordé à la revue Le Film français.
Adèle Exarchopoulos a remporté le premier César de la soirée. Celui de la « meilleure actrice dans un second rôle » pour Je verrai toujours vos visages où elle interprète une victime d’inceste. L’actrice a dédié son prix à « toutes les Chloé [son personnage dans le film] qui essaient de réparer l’irréparable ». « Merci d’avoir mis en lumière les travailleurs sociaux, les bénévoles, les gens qui essaient de réparer l’autre et la société avec les moyens qu’ils ont », a-t-elle ajouté, à propos de cette œuvre sur la justice restaurative.
Audrey Diwan et Valérie Donzelli ont reçu le prix du meilleur scénario adapté pour le film L’Amour et les Forêts. Il s’agit d’une transposition du roman du même titre signé Éric Reinhardt.
Ana Girardot et Jean-Pascal Zadi ont remis le César du meilleur premier film à Jean-Baptiste Durand pour Chien de la casse.
«Pourquoi accepter que cet art que nous aimons tant, cet art qui nous lie, soit utilisé comme une couverture pour un trafic illicite de jeunes filles ? », a lancé Judith Godrèche dans la grande intervention de la soirée. « Il faut se méfier des petites filles. Elles touchent le fond de la piscine, elles se cognent, elles se blessent mais elles rebondissent », a poursuivi l’actrice, qui a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques pendant son adolescence, que ces derniers nient.
Judith Godrèche a été ovationnée debout par les représentants du 7e art.
Nadia Tereszkiewicz et Bastien Bouillon ont remis les César des révélations féminine et masculine
Ella Rumpf a été sacrée révélation féminine pour sa prestation dans Le théorème de Marguerite.
Raphaël Quenard a reçu le César de la révélation masculine pour son rôle dans Chien de la casse. « En tant que petit-fils de paysan, la culture, comme tout le reste, c’est rien sans l’agriculture. Merci à tous ces gens qui travaillent d’arrache-pied pour nous offrir le luxe de remplir nos estomacs avec de bons fruits, de bons légumes, de bonnes céréales », a-t-il déclaré à la veille de l’ouverture sous haute tension du Salon de l’agriculture.
Marion Cotillard a remis un César d’honneur à…
Christopher Nolan, réalisateur américain à la filmographie remplie de succès : Memento (2000), The Dark Knight : Le Chevalier noir (2008), Inception (2010), Interstellar (2014), Oppenheimer (2023).
Jamel Debbouze a remis un César d’honneur à…
Agnès Jaoui, et indirectement aussi un peu à Jean-Pierre Bacri (1951-2021), longtemps son compagnon et co-auteur.
La révélation Gala Hernández López a obtenu le César du meilleur court métrage documentaire pour La mécanique des fluides.
Monia Chokri a reçu le César du meilleur film étranger pour Simple comme Sylvain. Elle s’est « excusée » auprès de Christopher Nolan, présent dans la salle, qui concourait également dans cette catégorie avec Oppenheimer.
Justine Triet a obtenu le César de la meilleure réalisation pour Anatomie d’une chute, également sacré meilleur film. « Je voudrais dédier ce César à toutes les femmes (…) à celles qui réussissent et celles qui ratent, celles qu’on a blessées et qui se libèrent en parlant, et celles qui n’y arrivent pas », a déclaré la réalisatrice de 45 ans. Elle est la deuxième réalisatrice primée de l’histoire de l’Académie, après Tonie Marshall en 2000 (pour Vénus Beauté Institut).
Après avoir obtenu le César du meilleur acteur en 2022 et 2023, Benoît Magimel est venu remettre celui de 2024. Normal.
Et c’est Arieh Worthalter qui a reçu le précieux trophée pour sa performance dans Le procès Goldman.
La 49e cérémonie des César retransmise en clair vendredi soir sur Canal+ a rassemblé 1,86 million de téléspectateurs (soit 11,8 % de part de marché), davantage que l’an dernier, selon des chiffres de Médiamétrie publiés samedi.
Ce qui a rendu Jamel Debbouze super content !
La réalisatrice Justine Triet a été la grande gagnante de la 49e soirée des César. Son film a dominé la soirée avec un total de six prix, dont celui de la meilleure actrice pour Sandra Hüller, du meilleur scénario, du meilleur montage et du meilleur second rôle masculin pour Swann Arlaud.
Et tout cela méritait bien une belle image de bisou pour finir !