Des « Experts » à la mode turque
•Pas facile de retrouver un cadavre quand toutes les routes se ressemblent. Policiers, magistrats, médecin et assassin d'Il était une fois en Anatolie partent pour un très long périple nocturne dans la campagne à la ...Pas facile de retrouver un cadavre quand toutes les routes se ressemblent. Policiers, magistrats, médecin et assassin d'Il était une fois en Anatolie partent pour un très long périple nocturne dans la campagne à la recherche du corps d'un homme enterré on ne sait pas bien où. « Le décor est un personnage à part entière de mon film », insiste Nuri Bilge Ceylan, Grand prix du jury à Cannes. Cette quête macabre conduit chacun à faire connaissance quitte à ouvrir d'anciennes blessures personnelles. « A une époque où tout va trop vite, j'aime laisser le temps au temps », déclare le réalisateur des Climats (2006) et des Trois singes (2009). Sa mise en scène, paisiblement belle, ensorcelle le temps d'un périple, qu'on pourrait croire sans fin tant la vie semble suspendue dans ces paysages monotones, où le visage angélique d'une adolescente enchante comme une apparition féerique. Ce polar de deux heures trente-sept où les autopsies se pratiquent avec les moyens du bord, évolue à des années-lumière de séries télévisées comme « Les Experts » ou « Dexter ». « Je colle sans doute davantage à la réalité », estime Nuri Bilge Ceylan. Son œuvre brillante flirte avec le documentaire pour pénétrer au cœur de drames humains filmés comme au ralenti, de façon à ne pas détruire l'équilibre précaire de personnages marqués par l'âpreté de la vie.C.V.