«Une séparation» qui fait du bien au cinéma iranien
CINEMA -Le film d'Ashgar Farhadi a reçu l'Ours d'or à BerlinStéphane Leblanc
Elle veut divorcer, pas son mari. Elle rêve de partir à l'étranger avec sa fille, lui préfère rester s'occuper de son père malade.
Avec Une séparation (lire la fiche ici), Ashgar Farhadi met en scène la séparation d'un couple avec enfant en dotant son film d'un sous-texte social fort. Avec l'engagement d'une employée de maison, pieuse et scrupuleuse, mais qui va manquer à ses obligations, parce qu'elle est enceinte et qu'elle ne l'a dit à personne…
Les rebondissements à venir vont transformer Une séparation en un polar social et humain au réalisme étourdissant.
De la chance avec la censure
Comme tous les protagonistes, on n'est jamais sûr d'avoir bien vu ce qui s'est passé, mais qu'importe. « La vérité est relative », souffle Ashgar Farhadi. Quand on connaît le sort réservé aux cinéastes en prise avec la réalité de la société iranienne, comme Jafar Panahi, on se demande juste par quel miracle un tel film a pu passer à travers les mailles de la censure. « J'ai simplement eu de la chance », estime le réalisateur, qui a « pris soin de ne pas montrer ce que les censeurs ne veulent surtout pas voir ».
Il sait aussi qu'un prix comme l'Ours d'or à Berlin « fait la fierté de l'Iran tout entier, des spectateurs qui ont apprécié le film comme des autorités qui l'ont autorisé ».
« Il n'y a rien qui puisse leur plaire, mais rien qui puisse les fâcher non plus », estime Leila Hatami, qui joue l'épouse séparée. Pas même le message féministe. « Moi-même, je comprends les deux femmes du film, raconte-t-elle. Je viens d'un milieu qui essaye d'imiter les Occidentaux, mais je suis aussi très perfectionniste dans ma pratique religieuse. La réussir donne du sens à la vie de beaucoup de femmes en Iran. »