CINEMAFestival de Cannes: une édition qui colle résolument à l'actualité

Festival de Cannes: une édition qui colle résolument à l'actualité

CINEMALe Festival de Cannes a présenté cette année des films qui résonnaient comme jamais avec leur époque...
A Cannes, Charlotte Pudlowski

A Cannes, Charlotte Pudlowski

Les Etats-Unis exceptés, la plupart des pays ont toujours eu un certain temps de latence entre le déroulé d'événements, dans la société, et leur représentation sur grand écran. Cette année, la 64e édition du Festival de Cannes a montré que n'importe quel autre pays était capable lui aussi de représenter au cinéma l'Histoire en train de se faire, celle qui se déroule sous nos yeux de citoyens rattrapant nos yeux de spectateurs.

La Conquête en est le premier exemple. Jamais en France (cela a été assez seriné), un film n'avait représenté un président au pouvoir au cinéma. Mais quatre ans seulement après l'accession de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, Xavier Durringer prend le parti de le faire.

Plus frappante et plus rapide encore: la réalisation de films évoquant le printemps arabe. Le documentaire tunisien de Mourad Cheikh, Plus Jamais Peur (qui rompe avec onze ans d'absence du cinéma tunisien au Festival) ou Tamantashar Yom (18 jours), ensemble de courts-métrages racontant la révolution égyptienne ne mettent entre l'écran et la réalité que quelques mois. «C'est merveilleux que nous puissions présenter ce film à Cannes, qu'il nous soit parvenu à temps» a d'ailleurs souligné Thierry Frémeaux lors de la présentation de Plus jamais peur.

>> Comment raconter la révolution tunisienne au cinéma?

Singulière et courageuse: la démarche de Jafar Panahi, réalisateur iranien assigné à résidence et frappé d'une interdiction de tourné, livre au Festival de Cannes un film réalisé pendant son enfermement, sur son enfermement. Intitulé Ceci n'est oas un film. Et la projection se fait alors même que Panahi est encore captif du régime.

Moyens modernes

Cette accélération est notamment permise par les nouveaux moyens technologiques mis au service du cinéma. Prenez 18 Jours: le projet est né quand l'un des réalisateurs, Marwan Hamed, suggère à Yousry Nasrallah: «Et si on faisait une dizaine de films qu’on mettrait sur Youtube, parles-en avec nos copains, des films sans budget et sans rien du tout». YouTube donc. Les moyens de filmer sont aussi de plus en plus accessibles et de plus en plus variés. Plus Jamais Peur tourné en HVD (disque holographique). L'accélération de cette transposition à l'écran correspond aussi au rythme de nos sociétés accélérées, décrites par le sociologue allemand Hartmut Rosa ou le philosophe Paul Virillio.

Reste à savoir si le parti pris de vitesse et d'immédiateté accouche de meilleurs films, moins bons, ou équivalents. A lire les critiques de La Conquête par exemple, mieux vaut partir à point.