FESTIVAL DE CANNES«La Conquête»: «un énorme travail d'enquête» assure Patrick Rotman

«La Conquête»: «un énorme travail d'enquête» assure Patrick Rotman

FESTIVAL DE CANNESLe film est en course dans la compétition officielle du festival qui débute mercredi...
Denys Podalydès dans le film de Xavier Durringer «La Conquête».
Denys Podalydès dans le film de Xavier Durringer «La Conquête». - E. DE LA HOSSERAYE / MANDARIN CINEMA - GAUMONT
© 2011 AFP

© 2011 AFP

Le festival de Cannes aura le 18 mai la primeur du film de Xavier Durringer La Conquête, fiction vraie sur l'accession de Nicolas Sarkozy (interprété par Denis Podalydès) à la présidence en 2007: «l'histoire d'un homme qui conquiert le pouvoir et perd sa femme» Cécilia, résume Patrick Rotman qui en signe le scénario.

«La petite souris sous la table qui voit et entend tout»

«J'ai fait un énorme travail d'enquête», explique ce documentariste chevronné à l'AFP: «Tout est globalement juste. J'avais besoin de connaître l'histoire sur le bout des doigts». Avec ce film à l'audace inédite dans le cinéma français, le spectateur devient «la petite souris sous la table qui voit et entend tout», dans les coulisses de la campagne et l'intimité d'un couple en crise.

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«J'ai épluché la presse, lu des dizaines de livres - on n'avait sans doute jamais autant écrit sur un candidat -, rencontré de nombreux témoins, des acteurs de la campagne, des journalistes du Sarko Circus qui le suivaient partout et consignaient leurs échanges informels...», explique-t-il.

Des scènes «absolument vraies»

«J'avançais masqué: on a gardé un secret absolu sur le projet écrit à chaud; trois personnes étaient au courant, les producteurs (Eric et Nicolas Altmeyer) et moi».

«Un certain nombre de scènes, moins de dix, sont absolument vraies: des scènes iconiques, comme celle de la Baule (le bain de mer de Dominique de Villepin), importantes pour installer le spectateur dans l'histoire réelle», détaille encore Patrick Rotman.

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«Parfois, on n'avait pas d'images mais des récits très détaillés: on invente donc en restant très proche de la réalité.»

«Les hommes politiques parlent comme des charretiers»

«L'énorme majorité des scènes ont été inventées, mais le contenu politique de la discussion est juste, avec le souci de procéder à une reconstitution minutieuse et fidèle», selon Patrick Rotman.

Les insultes fusent, les noms d'oiseaux volent bas. «Beaucoup de gens vont être surpris par la violence et la cruauté du langage et du milieu», reconnaît le scénariste. «C'est parce qu'il faut tuer l'autre et en politique, c'est avec les mots qu'on flingue. Et tous les journalistes qui les fréquentent savent que les hommes politiques parlent comme des charretiers, surtout Chirac et Villepin. Nicolas Sarkozy, lui, pique des colères incendiaires contre son entourage».

Pour restituer la totalité de l'histoire, il fallait aussi aborder «cette imbrication étroite entre vie privée et vie publique, déterminante et essentielle à l'histoire, dont le film ne pouvait pas faire abstraction», poursuit Patrick Rotman à propos du départ de Cécilia Sarkozy, l'épouse du candidat.

Le rôle de Cécilia Sarkozy

«Quand elle s'en va, ce n'est pas seulement la femme, mais son contrôle social qui part avec elle. Elle gérait tout», insiste-t-il. «Et puis (Nicolas Sarkozy) a tellement mis en exergue sa vie privée qu'il nous a permis de faire ce film», justifie-t-il.

«La Conquête, c'est l'histoire d'un homme qui conquiert le pouvoir et perd sa femme: le 6 mai 2007 (jour de son élection, ndlr), il passe sa journée à la chercher et, quand il la trouve, à la convaincre de venir le rejoindre. Le film dit ce désespoir de l'élu en quête de sa femme».

Là encore, précise l'auteur, «Cécilia s'est elle aussi beaucoup confiée et j'avais donc des sources directes. Mais ces scènes ont été les plus difficiles à écrire».

A un an de l'élection présidentielle, Patrick Rotman se défend de toute intention polémique et rappelle même qu'il a écrit à chaud, entre la fin de la campagne en 2007 et le début du mandat en 2008, quand son sujet était en pleine ascension.

«Il n'y a aucune volonté de dénigrement; Nicolas Sarkozy est un personnage touchant, énervant, attachant, odieux. Une personnalité complexe, contradictoire. Le film rend compte de son incroyable énergie, de sa capacité de combat, à la fois mec et petit garçon».