CINEMA«Pina», l'émotion en trois dimensions

«Pina», l'émotion en trois dimensions

CINEMAAvec la 3D, Wim Wenders trouve la forme idéale pour filmer la danse...
Stéphane Leblanc

Stéphane Leblanc

Wim Wenders a longtemps rêvé de tourner «avec Pina Bausch». Ce n'est qu'en 2007 qu'il a su comment faire, après avoir vu un concert de U2 filmé en 3D. «D'un coup, l'espace s'est élargi. J'ai eu l'intuition que c'était possible.» La mort de la chorégraphe en 2009, juste avant les premières prises de vue, a modifié le sujet. Le film «avec Pina» est devenu un film «pour Pina». Un hommage à celle qui bouleversa la danse contemporaine en y introduisant une théâtralité mêlée d'une humanité et d'un humour raffinés.

Perçant et bienveillant

Techniquement, rien n'était simple. «La 3D accentue tous les défauts», concède Wim Wenders. La solution? «Filmer d'avant en arrière et non latéralement, en accentuant les flous pour éviter les images saccadées et l'impression que les danseurs courent sur quatre jambes en agitant des bras de divinités indiennes.» Mais le cinéaste était sûr de son fait : «Prenez les comédies musicales des années 1950. Aussi formidables que soient ces films, on a l'impression que les danseurs sont collés sur l'écran. Avec la 3D, ce mur invisible disparaît et le danseur retrouve son espace.»

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C'est tout le mérite de Pina. Plus que d'assister à un spectacle dans sa troublante virtuosité, le spectateur éprouve le même plaisir physique que les danseurs sur scène. Ou dans la rue, les plus belles séquences étant tournées en extérieur. «Que la danse devienne ainsi palpable, j'en rêvais», confie Wim Wenders même si la prouesse technique l'intéresse moins que le mystère de «ce regard perçant et bienveillant qui savait si bien tirer le meilleur de ses interprètes».

Les seules images de Pina sont des archives en noir et blanc, qui ne détonnent pas au milieu des danseurs. Pour la voir au travail, on se plongera dans Rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch, un documentaire tourné peu avant sa mort. Ce film, édité en DVD (Jour2fête, 17 €) et qui ressort en salle, montre de jeunes amateurs de 14 ans répétant une de ses pièces mythiques sous son œil effectivement «perçant et bienveillant».