Au doux pays des comédies françaises où règnent les bons sentiments, Eric (Judor) et Ramzy (Bedia) font du bien, comme une flatulence sonore durant un conseil d’administration d’une usine de produits javellisés. Halal police d’état, mis en scène par Rachid Dhibou, assume gaillardement d’être couillon de la lune et dédie un bras d’honneur virtuel aux rabat-joie.

Le serial killer de Barbès

Nos deux compères, policiers algériens pas vraiment performants, débarquent du bled pour en découdre avec un tueur en série sévissant à Barbès. Si leurs méthodes colleraient une apoplexie aux «Experts» de TF1, c’est que le duo a pensé à «L’Inspecteur Tahar», série télé algérienne de la fin des années 1960, pour concevoir ce polar burlesque, plus proche du OSS 117 avec Jean Dujardin que de L’Inspecteur Harry avec Clint Eastwood.

Sacha Baron Cohen comme les Monty Python sont les bonnes fées de cette comédie qui ne respecte rien. Le racisme et la xénophobie servent de cibles à ces pieds nickelés aux looks déments et aux vannes décoiffantes. Eric et Ramzy ont ajouté une pointe de critique sociale à l’humour potache et inventif qui faisait le charme de La Tour Montparnasse infernale (2001), Steak (2007) et Seuls Two (2008).

On peut rejeter en bloc leur délire ravageur ou partir en voyage dans un monde où le «politiquement correct» n’ a pas droit de cité. Ces garçons assument leur côté régressif à 200 %.

Entre burlesque et surréalisme, Halal police d’état fait passer un vent libérateur, voire libertaire, sur une production française trop sage. On aimerait que ces deux-là fassent des petits pour secouer un peu le comique made in France.