Le lieutenant Beauvois monte en grade

Le lieutenant Beauvois monte en grade

Xavier Beauvois surprend par sa maturité. Le Petit Lieutenant, rôle-titre de son film campé par Jalil Lespert, est un nouvel arrivant à la brigade criminelle, dont il nous fait partager le début de carrière. « C’est un chien fou qui veut résoudre des cri
© 20 minutes

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Xavier Beauvois surprend par sa maturité. Le Petit Lieutenant, rôle-titre de son film campé par Jalil Lespert, est un nouvel arrivant à la brigade criminelle, dont il nous fait partager le début de carrière. « C’est un chien fou qui veut résoudre des crimes et coincer des bandits, explique le réalisateur de Selon Matthieu. Son enthousiasme se heurte à un quotidien nettement moins épique que ses rêves. » Beauvois a partagé les expériences de policiers sur le terrain avant d’écrire son film. Sur les traces de son héros, il colle à la réalité d’un métier dont il révèle toute l’âpreté. S’il montre des policiers, il filme surtout des êtres humains. Avec leurs forces et leurs faiblesses, comme celle de foncer à tombeau ouvert dans les rues parisiennes en essayant sirène et gyrophare. « Il y a de tout, des mecs bien et des connards, c’est comme dans la vie. Si je souhaitais parler des uns, je ne pouvais faire impasse sur les autres », déclare le cinéaste, qui apparaît lui-même en raciste d’anthologie. Au milieu de flics qui enquêtent, boivent, fument du haschich, aiment et souffrent, deux héros solidaires se détachent : le jeune idéaliste et sa « patronne », femme blessée par la vie qui s’extirpe péniblement d’un problème d’alcoolisme. Nathalie Baye, éblouissante écorchée vive, mène ses hommes à la baguette et se laisse attendrir par la naïveté de la jeune recrue. De gestes de violence en fêtes trop arrosées pour gommer une réalité brutale, Beauvois évolue entre fiction et documentaire. Le Petit Lieutenant puise dans ces deux genres pour toucher aux tripes et au coeur. Caroline Vié