Hommages chaleureux et émouvants lors des funérailes de Claude Chabrol, «l’Ayatollah comédie»
DISPARITION•Reportage lors de la cérémonie s'est tenue à midi à la Cinémathèque de Bercy…Charlotte Pudlowski
«C’est grâce à Claude Chabrol que j’ai voulu devenir réalisateur», explique un étudiant en cinéma qui aimait «son ironie, son regard sur le monde, sa perception des personnages». Cet étudiant était avec les quelques 200 inconnus venus célébrer la mémoire de Claude Chabrol, à la Cinémathèque, à Bercy. Et derrière des barrières, le petit monde du cinéma, près de 400 personnes, étaient rassemblés.
La cérémonie ressemblait assez bien au cinéma de Chabrol : ensoleillée, chaleureuse, familiale. Musicale aussi puisqu’entre chaque discours, des extraits des bandes originales de ses films étaient diffusés. Et lui au centre: photo en Noir et blanc, pipe au bec, cercueil en bois clair.
Parmi les stars, Isabelle Huppert, Edouard Baer, François Cluzet, Jean-Pierre L éaud, Sandrine Bonnaire, Bertrand Tavernier… Costa Gavras a, le premier, rendu hommage au réalisateur, honorant «un homme très bon et un grand cinéaste».
Gourmandise
«Il s’intéressait à tout avec la même générosité et la même distance» a rappelé dans son discours Serge Toubiana, le président de la Cinémathèque. «Sa cinéphilie n’était pas élitaire, il avait le goût de la partager. Le cinéma, c’était sa vie, et il la partageait avec gourmandise.»
Cette gourmandise, cet appétit du cinéaste, au sens figuré comme au sens propre, tout le monde l’a rappelé. Serge Toubiana donc, mais aussi Cécile Maistre, sa fille, ou Jacques Gamblin, absent de la cérémonie, mais qui avait laissé une lettre.
«Il ne faut pas laisser la mort grignoter le vivant».
Isabelle Huppert, que le réalisateur avait dirigé dans L’Ivresse du Pouvoir ou dans Madame Bovary, a également prononcé un discours. D’une voix troublée par l’émotion, elle a évoqué «sa manière musicale de filmer» et cité ce mot, qu’il avait eu pour elle lors de la mort de sa mère à elle: «Il ne faut pas laisser la mort grignoter le vivant».
La joie de vivre de Chabrol était plus forte que tout, et résumée par la façon dont l’appelait sa femme, Aurore: «l’ayatollah comédie». Dans ses mémoires à paraître dans quelques jours, évoquées par Frédéric Mitterrand, Claude Chabrol a écrit «De ma vie, j’ai préféré le verre à moitié plein au verre à moitié vide. C’est plus facile à remplir.»