«Nannerl», un portrait sans fausse note
CINEMA•Le nouveau film de René Féret émeut en faisant découvrir le destin brisé de la soeur de Mozart...Caroline Vié
Nannerl, la sœur de Mozart, le nouveau film de René Féret, a bien failli ne pas exister. «Nous avons eu l'avance sur recettes, mais c'est tout, explique le cinéaste. Aucune chaîne ne voulait de Nannerl, notamment parce que nous n'avions pas de stars. On m'a même reproché de raconter l'histoire de personnages trop jeunes!» Loin de se laisser bloquer par ce mur d'indifférence, le réalisateur de Il a fallu que maman s'en aille... a pris le taureau par les cornes. Il est devenu aussi producteur et distributeur de son œuvre.
Une histoire d'amour familial
Sa femme, Fabienne, est au montage, son fils, Julien, l'assiste et ses deux filles éblouissantes, Marie (15 ans) et Lisa (13 ans), campent respectivement Nannerl et Louise de France. «J'étais tellement emballé par le sujet qu'il fallait que le film voit le jour. Elle se sont glissées naturellement dans la peau de ces filles sacrifiées au profit de leurs frères», précise René Féret.
La famille est donc au centre de cette aventure à la fois devant et derrière la caméra. Tirant le meilleur parti d'un budget minuscule, Féret brosse le portrait d'une jeune fille aussi brillante que son frère Wolfgang, qui fut contrainte de renoncer à créer au motif qu'elle était une femme. «Je ne sais pas si le talent est héréditaire, dit-il, mais il est certain que les enfants Mozart baignaient dans la musique dès leur plus jeune âge.Leurs parents avaient besoin d'eux pour les faire vivre.»
Cocktail d'histoire et de fiction, cette fresque bouleversante, en partie tournée au château de Versailles, vibre de la passion interdite de Nannerl pour son art. « Il ne fallait pas qu'elle disparaisse une seconde fois », explique René Féret, qui offre ici une belle revanche à son héroïne avec ce film poignant qu'il s'est battu pour réaliser.