Maître Goupil tend la main aux enfants
FABLE•Le cinéaste se penche sur les difficultés des élèves sans papiers avec «Les mains en l'air»...Caroline Vié
Des gamins prennent fait et cause pour une camarade de classe tchétchène sur le point d'être expulsée dans son pays. Avec Les mains en l'air, Romain Goupil – cinéaste connu pour des films engagés comme Mourir à trente ans (1982) ou Une pure coïncidence (2002) – signe une œuvre tonique et tendre autour de jeunes héros ennemis de l'injustice. «Ces gamins ne peuvent accepter d'être séparés de leur copine, explique le réalisateur. Ils agissent instinctivement contrairement aux adultes qui réfléchissent trop.»
Un conte ancré dans le XXIe siècle
Le complot mis au point par les mômes pour cacher leur amie met les nerfs des parents à rude épreuve. «Ils sont très débrouillards que ce soit pour pirater des jeux, pour gagner quelques sous, trafiquer les résultats des devoirs ou secourir l'une des leurs», affirme Romain Goupil. Bien qu'il dénonce clairement le traitement inique subi par les familles de sans-papiers, le cinéaste se défend d'avoir réalisé une œuvre militante. «Cela aurait été rasoir. Les mains en l'air est un film d'aventures, un conte ancré dans le XXIe siècle.» La belle-sœur de Nicolas Sarkozy, Valeria Bruni-Tedeschi, et Hippolyte Girardot lui ont prêté main-forte en jouant les adultes qui entourent ses Pieds Nickelés.
Très bien reçue par le jeune public lors des avant-premières, cette belle histoire d'amitié a été produite avec une grande facilité. «Tout le monde me disait de foncer comme s'il était important d'aborder ce sujet maintenant», insiste Goupil. Avec un humour grinçant, le cinéaste montre l'une des héroïnes en 2067 ne parvenant plus à se souvenir du nom du président de 2010. «C'est un petit clin d'œil pour dire que la situation actuelle est une erreur qui ne saurait durer, dit-il. Je ne cherche pas à délivrer de message, juste à ouvrir la discussion.»