INTERVIEWThierry Frémaux: «Si un film venu de Cannes contribue à apaiser une mémoire encore douloureuse, nul ne doit s'en plaindre»

Thierry Frémaux: «Si un film venu de Cannes contribue à apaiser une mémoire encore douloureuse, nul ne doit s'en plaindre»

INTERVIEWLe directeur délégué du Festival de Cannes fait pour 20minutes.fr un bilan de cette 63e édition...
Propos recueillis par Bérénice Dubuc

Propos recueillis par Bérénice Dubuc

A quoi jugez-vous que le Festival est une réussite, ou n'en est pas une?

Il y a de nombreux critères: le nombre d'accrédités, la sécurité des festivaliers, la qualité des projections, la réception des films, l'attraction médiatique, le marché, la présence des stars, la qualité du Jury - même la météo entre en ligne de compte! Et parvenir à conclure la fête au bout de ces douze jours où rien ne nous aura été épargné (les polémiques en particulier) est une belle satisfaction.

En parlant des polémiques, que retenez vous du tollé provoqué par «Hors la loi»?

C'est la tradition que Cannes suscite débats et polémiques. Celle-là, parce qu'elle était extra-cinématographique, était plus violente que d'habitude. On a eu quelques frayeurs mais finalement tout s'est bien passé. Et maintenant qu'«Hors la loi» est vu, qu'il va sortir, la discussion sur le fond pourra avoir lieu. Si un film, de surcroît venu de Cannes, peut contribuer à apaiser une mémoire encore douloureuse par le débat et l'échange d'idées, nul ne doit s'en plaindre, au-delà des émotions spontanées.

L'«audace» du sélectionneur se juge-t-elle à la surprise ou l'irritation que vont provoquer les films?

Surprise ou irritation, ça fait partie du jeu: tout le monde ne peut pas aimer les mêmes choses. Il est tout à fait normal que les réactions soient différentes, d'un film à l'autre, d'un spectateur à l'autre. Une sélection est un mélange permanent d'audace et de prudence. L'essentiel est de mettre en valeur la production de l'année et de montrer que le cinéma est vivant - et ses spectateurs aussi!