Lee Chang-dong: «Un prix serait important pour l’avenir du film»
INTERVIEW•Le réalisateur du film «Poetry» a répondu à nos questions...Propos recueillis à Cannes par notre envoyé spécial, Stéphane Leblanc
Son film, Poetry, fait partie des trois meilleurs de cette sélection 2010. Du coup, il n’est pas certain que Lee Chang-dong reçoivent la Palme d’or (que l’on verrait d’avantage attribuée à Mike Leigh), ni même le Grand prix du jury (plutôt destiné à Xavier Beauvois). Reste la possibilité d’un prix de la mise en scène et surtout de l’interprétation féminine pour la formidable Yun Jung-hee, comédienne qui n’avait pas mis les pieds sur un plateau depuis 15 ans, et qu’on ne peut qu’admirer dans un rôle de mamie meurtrie qui se lance dans la poésie.
Votre précédent film, Secret Sunchine, vous a déjà valu un prix d’interprétation féminine. Recevoir un prix, à Cannes, c’est important?
Oui, c’est très important. Pas à titre personnel, pour flatter mon égo. Mais pour la carrière du film et pour les gens avec qui je l’ai fait. Car en Corée, on donne énormément de crédit au festival de Cannes. Si Secret Sunchine a connu un succès public coréen, c’est à son prix remporté à Cannes qu’il le doit.
Comment expliquez vous que votre film soit encore pressenti pour un prix d’interprétation féminine, comme lors de votre précédente venue à Cannes?
Oui, c’est amusant en effet, car en Corée, j’ai la réputation de martyriser les acteurs. Mais c’est peut-être par là qu’il faut en venir pour en sortir le meilleur.
Votre actrice, Yun Jung-hee, avait mis un terme à sa carrière il y a 15 ans. Comment l’avez-vous convaincue de tourner de nouveau avec vous?
La réalité, c’est qu’aucune des propositions qu’on lui a faite ne lui plaisait. Quand je lui ai proposé Poetry, elle était emballée et avait hâte de commencer. Et on n’avait même pas terminé le tournage qu’elle disait déjà «je suis sûre qu’on va avoir la Palme d’or.» Je lui ait rétorqué que ça, c’était le rêve, mais que la réalité, c’était qu’elle décrocherait peut-être plus sûrement le prix d’interprétation.»
Pensez-vous que Cannes soit compatible avec la «poésie» qu’induit votre film?
Après le diner, jeudi soir, nous avons marché avec Gilles Jacob le long de la mer et il m’a dit «vous voyez, c’est peut-être ça la poésie du festival de Cannes.» Je ne sais pas… mais ce que je voulais dire à travers ce film, c’est que la poésie est partout, et surtout en chacun de nous.