Une cure de poésie pleine de vie
•Drame Lee Chang-dong livre un beau portrait de femme dans « Poetry »de notre envoyée spéciale à CannesCaroline Vié
Le Coréen Lee Chang-dong s'y entend pour brosser des portraits de femmes blessées qui reprennent du poil de la bête dans l'adversité. La mamie de Poetry, présenté hier en compétition officielle à Cannes, a bien des soucis. Elle travaille comme auxiliaire de vie chez un vieux macho à demi paralysé, ressent les prémices d'Alzheimer et élève seule son petit-fils insupportable. C'est cependant de ce dernier que va venir l'électrochoc qui va sérieusement secouer la dame. En commettant un acte grave, le gamin gâté va pousser sa grand-mère à se réfugier dans une nouvelle passion : la poésie.
L'écriture apaise les blessures
« Que signifie écrire un poème en ce temps où la poésie est en déclin ? » Le réalisateur de Secret Sunshine fait partager l'éveil à l'écriture de cette femme blessée qui se réfugie dans la beauté pour fuir un monde brutal. Lee Chang-dong a fait appel à Yun Junghee, star du cinéma coréen qui n'avait pas tourné depuis une quinzaine d'années et qui surprend par son naturel. Un prix d'interprétation cannois pourrait venir couronner cette grande dame qui vit en France depuis des années.
Sa composition en vieille dame qui découvre l'écriture tout en perdant la langage courant est incroyablement juste. Le charme du film vient de sa sensibilité et des images d'une nature qui guérit les plus profondes blessures. « La poésie n'est pas seulement une belle petite fleur. Pour moi, c'est le monde, la vie. Malgré la saleté, la laideur extérieures, il y a toujours quelque chose qui est beau à l'intérieur », a déclaré Lee Chang-dong à la conférence de presse. Son film sublime cette beauté.