Juliette Binoche: «Je ressors parfois du tournage avec l'impression d'avoir dansé»
INTERVIEW•L'actrice est à l'affiche du film «Copie conforme»...recueilli par notre envoyé spécial à Cannes, Stéphane leblanc
L'idée du film Copie conforme est-elle née de votre rencontre avec Abbas Kiarostami?
Absolument. Quand il m'a invitée à Téhéran, j'y suis allée par curiosité, pour voir comment vivent les femmes là-bas, avec ce fameux voile... Et puis il m'a raconté l'histoire du film, comme si elle lui était arrivée. Je buvais ses paroles.
Tout était déjà écrit?
Les choses ont bougé. Abbas m'a laissé beaucoup de liberté pendant le tournage. A un moment, mon personnage est tellement touché qu'on n'a pas eu besoin de tourner les plans suivants. Ça, Abbas ne pouvait pas l'anticiper.
Vous apportez au film une présence très physique, charnelle...
Pour moi plus ça va, plus il faut jouer avec tout son corps. Même une scène assise, j'en ressors parfois avec l'impression d'avoir dansé.
Quelles indications Abbas Kiarostami vous donnait-il?
Son indication, c'est: «Sois Juliette Binoche!» Charmant, mais moi je ne sais pas qui c'est, Juliette Binoche...
Vous êtes-vous inspirée d'autres actrices?
Anna Magnani a été une belle figure de proue pour moi, parce qu'elle a un côté animal. Elle ne recule devant rien. C'est ce que je trouve très beau dans les films de Pasolini, cette absence de fausse pudeur, et donc de mensonge.
Comment vous êtes-vous retrouvée sur l'affiche du festival?
En octobre dernier, le comité décisionnaire du festival m'a demandé s'ils pouvaient l'utiliser. J'ai donné mon accord de principe.
Ne craignez-vous pas que cela puisse porter préjudice à Copie conforme?
Je n'imagine pas que ça puisse influencer les membres du jury. Mais j'imagine que ça puisse faire jaser...
On vous voit peindre sur l'affiche, où en êtes-vous de cette activité?
Fini ! Vous savez, j'ai peu de temps, et il y a forcément des impasses. J'ai été très occupée avec la danse, j'ai dû faire du rattrapage avec mes enfants. Et donc la peinture, et la danse, c'est fini!
Qu'est-ce qui vous tenterait? La poterie?
Ah! ah! ah! je n'avais jamais pensé à ça!
Songez-vous au prix d'interprétation?
Je suis obligée parce qu'on m'y fait penser. Alors, oui, j'ai une robe… mais je préfère ne pas en parler.